Wham!, avec George Michael et Andrew Ridgeley, a marqué les années 1980 de sa pop sucrée. Dans un documentaire pour Netflix, le réalisateur Chris Smith revient sur la trajectoire du groupe, plus complexe qu’il n’y paraît.
Wham!, le documentaire réalisé par Chris Smith sur l’un des groupes anglais les plus populaires de l’histoire, agit d’abord comme un shoot d’années 1980, à coup de déhanchés sans filtre, de tenues au-delà du flashy et d’hymnes pop. S’y plonger, près de quarante ans après le concert d’adieu du duo George Michael/Andrew Ridgeley – le groupe a existé de 1982 à 1986, pas plus –, c’est se confronter à des sentiments compliqués, un mélange d’effarement devant ce qui fut d’abord de la musique pour ados d’influence post-funk très marquée par son époque, et de tendresse pour quelques hits imparables, Last Christmas et Wake Me Up Before You Go Go en tête. Allez, on ajoutera Careless Whisper, et, pour les plus extrêmes d’entre nous, Club Tropicana.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
L’histoire d’une amitié
Le docu, d’un classicisme absolu, repose sur des archives, émissions de télé mais aussi vidéos personnelles, sans compter les voix des intéressés et le scrapbook (album) tenu par la mère d’Andrew pour suivre la carrière de son fils et l’archiver en direct. On y voit la naissance d’une amitié puissante, dès l’adolescence, avec le récit circonstancié de l’arrivée de Georgios Kyriacos Panayiotou dans le lycée d’Andrew Ridgeley, et le sentiment de protection immédiat qu’ils se donnèrent mutuellement. Tous deux étaient fils d’immigré·es, avec un père chypriote du côté de “Yog” (qui allait devenir George Michael) et une famille égypto-italienne chez Andrew Ridgeley.
Le succès n’a pas changé grand-chose à leur union totalement platonique, qui donne une image de l’amitié masculine rare et précieuse. Au moment de leur rupture, Ridgeley a respecté et même soutenu le désir d’une carrière solo de George Michael, qui espère aussi être reconnu en tant que songwriter – ce qu’il accomplira dès Faith, son imparable album de 1987.
Le poids du secret
Wham! s’intéresse en revanche assez peu à la musique et aux inspirations du duo, ce qui est dommage et aurait permis de situer le groupe dans un environnement musical british ultra riche – Duran Duran et Culture Club furent des concurrents, mais The Cure et The Smiths connaissent le succès au même moment. Chris Smith préfère s’attacher à leur trajectoire de popstars, improbable concert en Chine compris – à une époque où rien n’était simple pour y mettre les pieds en tant qu’Occidental·e.
Une trajectoire où se niche néanmoins un secret qui donne sa force émotionnelle à Wham!. On apprend que George Michael a fait son coming out gay auprès de son ami hétéro très tôt, lors d’un voyage à Ibiza en 1983, soit bien avant qu’une interview dans le magazine The Advocate, en 1999, ne vienne confirmer des années de rumeur. La dissimulation a eu un coût, celui d’un mal-être profond. Dans un moment poignant, on entend George Michael relater ses sentiments devant le phénomène que lui et Ridgeley sont devenus, avec une base de fans teens et amoureuses qui projettent en lui un amant idéal : “Tous ces cris qui étaient la base de l’expérience Wham!, je ne pouvais pas les voir autrement que comme un motif d’inquiétude.”
Simultanément léger et profond, à l’image de son sujet, le documentaire laisse le goût d’une jeunesse flamboyante qui s’en est allée : les images de grande joie et de sourires éclatants sont légion, les voix off de George et Andrew étant les seules traces de leur maturité. Mais on retient aussi que cette jeunesse était voilée, en partie, par un mensonge. L’essence de la vie de popstar, en quelque sorte.
Wham! de Chris Smith, disponible sur Netflix.
{"type":"Banniere-Basse"}