Jason Schwartzman, membre de la “famille Anderson” depuis « Rushmore », raconte son réalisateur préféré.
PREMIERE RENCONTRE
“J’étais adolescent quand j’ai rencontré Wes Anderson pour la première fois, je n’avais encore jamais tourné et je suis allé à une audition pour Rushmore. Jusque-là, j’étais heureux d’être batteur dans mon groupe, toute ma famille était liée au cinéma, mais je m’en étais tenu à distance. Immédiatement, j’ai ressenti de l’amitié pour Wes. J’étais mort de trouille, car c’était ma première expérience du genre, mais dix minutes plus tard nous étions déjà en pleine conversation, comme deux copains. On avait oublié l’audition. C’est moi qui ai dû lui rappeler pourquoi j’étais là, et on a fait deux ou trois essais. Depuis ce jour, nous sommes les meilleurs amis du monde.”
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
FRERE D’ADOPTION
“Il compte énormément, il est comme un frère d’adoption. On a appris à se connaître sur Rushmore mais depuis, on a traversé tant de choses ensemble, y compris des trucs assez sauvages… C’est si rassurant de savoir que quelqu’un, sur terre, vous connaît, vous comprend – et vice versa. J’aime aller pleurnicher sur son épaule, il est mon mentor. Il me recommande sans arrêt des livres, des films, des choses à faire…”
WES AU TRAVAIL
“A vrai dire, je n’ai pas beaucoup de souvenirs du tournage de Rushmore, j’étais si effrayé, si angoissé que tout me semble aujourd’hui très flou… Donner la réplique à Bill Murray, que je vénère, c’était énorme pour un premier rôle. Et puis ça se passait au Texas (rires)… Nous nous sommes ensuite retrouvés avec Wes sur le court métrage Hotel Chevalier, à Paris… Je me suis alors rendu compte à quel point j’aimais travailler avec un metteur en scène qui sait au millimètre près ce qu’il veut, totalement obsédé par son travail. Voilà pourquoi il tourne si peu. Il n’est pas du genre à laisser couler, à dire “ça ira comme ça, on passe à la prochaine scène”. Il n’est pas blasé et nonchalant comme tous ceux qui cachetonnent à Hollywood. Chaque film représente tant pour lui, il y projette tellement de lui-même… Quand il fait un film, sa vie s’arrête, il se concentre strictement sur son travail.”
UN TRIO POUR UN SCENARIO
“Ecrire le scénario de The Darjeeling Limited en sa compagnie a donc été une expérience très intense. Nous étions trois à écrire – Wes Anderson, Roman Coppola (le cousin de Jason Schwartzman – ndlr) et moi-même. Et dès le début, Wes nous a dit : “Je veux écrire ce film avec vous et je veux que ce soit le plus personnel possible. Je veux même que ça soit trop personnel.” Quand il parlait, on avait l’impression d’entendre le personnage joué par son pote, Owen Wilson. Il a été l’esprit, le capitaine de ce film, qui raconte donc notre vie à chacun, jusque dans des détails très intimes, très enfouis. J’ai parlé de choses dans ce film dont je n’avais encore jamais parlé avec personne. Il faut vraiment faire confiance à ses collègues quand on écrit des choses pareilles, ne pas avoir peur de se ridiculiser. Il fallait se mettre à nu, nous avons entendu des choses terribles sur l’histoire des uns et des autres, parfois même gênantes. C’était comme éplucher, couche après couche, nos âmes. C’est le genre d’écriture qui réveille des émotions très fortes et, en même temps, ça a été l’expérience la plus gratifiante de ma vie. C’est la première fois que je suis dans un film qui me représente, qui est moi.”
Propos recueillis par JD Beauvallet
{"type":"Banniere-Basse"}