Panachage inattendu de film de zombies et de comédie romantique. Amusant.
De Twilight à True Blood, le sex-appeal des vampires et des loups-garous est évident. Le zombie, lui, est moins veinard : trop rigide donc peu sensuel, décérébré donc pas séducteur, toujours en horde donc peu disposé à l’intimité. Et surtout trop mort donc asexué.
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Warm Bodies parie sur sa beauté cachée. Le cadre est connu : un monde postapocalyptique, scindé entre morts-vivants en liberté et derniers humains retranchés. La greffe de la comédie romantique, un peu moins, lorsqu’un jeune zombie s’entiche d’une demoiselle de bonne composition (Teresa Palmer, sorte de Kristen Stewart blonde).
Jonathan Levine, spécialiste des jeunes en fleur avec un grain dans la tête (All the Boys Love Mandy Lane), mène la cour avec entrain et humour. Inquiétant, incompris, parlant par borborygmes, mélomane accroché au vinyle, notre cadavre ambulant porte une double croix : monstre réduit à ses instincts, geek bafouillant devant celle qu’il veut conquérir.
Autre ficelle de rom-com : le monologue intérieur du mort-vivant, contre-point ironique à sa gaucherie. Il vient renforcer le sous-texte du zombie comme malade exclu de la société, prisonnier de son corps (d’un AVC, d’Alzheimer). La piste médicale est claire lorsque s’esquisse une guérison des morts-vivants. Une entorse aux lois d’un genre radicalement pessimiste. Elle sied à ce Roméo et Juliette rigolard, avec scène au balcon et John Malkovich en papa Capulet à la gâchette facile.
Tout n’est pas si simple heureusement et Warm Bodies sait ménager le chaud et le froid. Levine a bien ingéré le thème central du film de zombies, soit la perte de contrôle (de soi, de la société). Il compose des images saisissantes d’un zombieland logé dans un aéroport abandonné. Les avions cloués au sol, les portes d’embarquement pour nulle part, les terminaux aux airs de camp de réfugiés : tout y rend compte de la condition zombie, un purgatoire qui rend dérisoire architecture, consommation, trajectoires et toute entreprise humaine.
Mais le meilleur de la rom-com et de l’amour tout court, c’est la part d’irrationnel. La chimie qui attire les contraires et déchaîne les passions en dépit du bon sens. Astucieux et tordu, Warm Bodies pose les bonnes questions, y répond en douceur. S’éprendre du type qui a dévoré votre fiancé tout cru ? Oui. S’attacher à elle parce qu’on a les souvenirs et sentiments d’un autre ? Mais bien sûr.
Depuis Sueurs froides, nécrophilie et imposture produisent les meilleures love stories. Cœur d’artichaut ou de zombie, il y a toujours quelque chose de délicieusement pourri au royaume des sentiments.
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