Description de la tragédie des camps palestiniens de Beyrouth à l’aide de plusieurs techniques d’animation. Touchant, engagé et intelligemment fait.
“On n’est rien quand on ne connaît pas son passé.” A partir du moment où le grand-père de Wardi lui assène cette phrase – un grand classique du récit d’initiation – , cette fillette de 11 ans n’aura de cesse d’interroger les membres de sa famille pour savoir qui elle est et ce qu’elle fait dans ce camp de réfugiés palestiniens installé à Beyrouth depuis l’exode de 1948.
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L’originalité de cette fable intergénérationnelle, tant destinée aux préados qu’à leurs parents, est de mélanger les techniques d’animation. Le présent est figuré par de l’animation en volume (stop-motion) et le passé par de l’animation en 2D et des photographies. Parfaitement maîtrisé, cet alliage inventif permet à ce premier long métrage du réalisateur norvégien Mats Grorud, de poser avec une rare force son sujet sous-jacent, à savoir le rapport entre l’écoulement du temps, la mémoire et l’espoir.
Née dans le camp, Wardi semble vivre dans un temps figé, un temps arrêté, où seul l’empilement des constructions de parpaings vient nous rappeler que les années passent sans que rien ne change. Ses parents étaient encore enfants lorsque le conflit israélo-palestinien a éclaté. Ils évoquent une période de lutte, une époque où l’espoir offrait la possibilité d’un écoulement du temps. Tandis que ses grands-parents, qui ont connu l’avant-1948, sont prisonniers de la nostalgie d’un bonheur passé et à jamais perdu.
Wardi de Mats Grorud (Norv.,Fr.,, Sue., 2018, 1h20)
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