Samedi 21 Mars a été donné le top départ de l’exposition Aardman « L’Art qui prend forme » au Musée Art Ludique à Paris. On a eu l’occasion de visiter l’exposition mais aussi de discuter avec Peter Lord, l’un des fondateurs des studios, et Jean-Jacques Launier, le créateur du musée. On vous livre nos premières impressions ainsi que quelques secrets.
Le Musée Art Ludique est le premier musée au monde consacré à l’art de l’animation, du jeu vidéo et de la bande dessinée. Crée en 2013, il a déjà accueilli trois expositions des plus réussies : « Pixar, 25 ans d’animation » en 2013 – qui a inauguré le musée, « L’Art des Super-héros Marvel » début 2014 et « Dessins du Studio Ghibli » fin 2014. Cette année, c’est aux studios Aardman que rend hommage le musée. De prime abord, lorsque l’on prononce le nom de Aardman, peu de monde connait. Mais il suffit de citer Wallace et Gromit, Chicken Run et Shaun le Mouton pour que les yeux des petits et des plus grands s’illuminent.
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Car ce sont bien eux qui sont à l’origine des plus grands films d’animation en stop-motion (animation image par image) de ces vingt dernières années. En Angleterre, les créateurs du studio sont donc de véritables icônes : Nick Park, Peter Lord et David Sproxton ont tous trois été anoblis par la reine (ils ne se gênent pourtant pas pour la transformer en créature horrible dans leur film Les Pirates) Toute leur irrévérence est là : ils sont des rock stars mais à l’humour bien britannique, donc forcément sympathiques. Pour Jean-Jacques Launier, créateur du Musée Art Ludique, dédier une exposition à l’Art-dman était une évidence :
« On a fait Pixar, on a fait Marvel et Miyazaki, on a vraiment eu envie de montrer Aardman. Peu de gens connaissent réellement. L’idée, c’était vraiment de pouvoir faire découvrir le délire créatif de ces anglais, montrer à quel point ils ont touché à tout. C’est pour cela qu’on a créé un parcours dans l’exposition dont le début s’intitule ‘Qui est Aardman ?’ »
« Qui est Aardman ? »
En 1966, deux amis, Peter Lord et David Sproxton, influencés par les films d’animation de Disney, Terry Gilliam, Ray Harryhausen et Hanna Barbera se lancent dans l’animation. Ils ont alors 12 ans et débordent déjà d’inventivité. Ils réalisent leur premier film, Trash, fait de photos découpées dans les journaux. Puis un second mettant un scène un super héros nommé… Aardman. La BBC l’achète pour 15 livres ; Aardman Animations est lancé. Le 15 février 1977 apparaît sur les écrans de BBC1 une autre figure emblématique, Morph, un petit être en pâte à modeler capable de se métamorphoser que l’on suivra durant 26 épisodes.
En 1982, de plus en plus nombreux, animateurs, modeleurs et réalisateurs du studio déménagent à Bristol, ville qu’ils ne quitteront plus. Parmi les petits nouveaux se trouve alors Richard Goleszowski, qui deviendra l’un des animateurs et réalisateurs pionniers du studio. En 1985, l’équipe que l’on connaît maintenant est au complet après l’arrivée de Nick Park. Ce dernier amènera avec lui deux personnages symboliques du studio Aardman : un certain Wallace, accompagné de son fidèle chien Gromit, dans son film d’étude encore inachevé : Une Grande Excursion (1989).
Les animateurs font preuve d’un talent universel et touchent à tout : clips, publicités pour la télévision, tout semble matière à s’amuser, créer, dessiner, animer. 1990 sera une année décisive pour le studio : le court métrage L’Avis des Animaux, réalisé par Nick Park, remporte un Oscar. Puis, c’est le court métrage Adam, réalisé par Peter Lord, qui se retrouve en lice pour l’Oscar. La même année, la BBC, surprise par le succès d’Une Grande Excursion, demande à Nick Park de faire jouer Wallace et Gromit de nouveau. Avec Steve Box, nouvel arrivant dans le studio, il animera deux nouvelles aventures de l’improbable duo : Un Mauvais Pantalon (1993) et Rasé de près (1995). C’est une nouvelle razzia pour le studio, qui rafle l’Oscar pour les deux films, élevant l’animation en stop-motion au rang d’Art à part entière.
En 1998, le studio Aardman passe aux choses sérieuses en réalisant sous la direction de Peter Lord et de Nick Park leur premier court métrage, une sombre histoire de poulets enfermés dans un poulailler ressemblant fortement à un camp de concentration : Chicken Run. Le film est un succès mondial et devient l’un des films les plus populaires du Royaume-Uni. En 2005, Aardman sort son deuxième long métrage Wallace et Gromit : Le mystère du lapin-garou. Nouveau succès pour le studio, nouvel oscar, pour un total de 4. Puis deux ans plus tard, c’est un nouvel épisode des aventures de l’inventeur et de son fidèle compagnon, Un Sacré Pétrin, qui remporte le BAFTA du Meilleur Court Métrage d’Animation, après avoir été nommé aux Oscars et avoir réuni 16.15 millions de spectateurs le jour de Noël sur BBC1.
https://youtu.be/l6XNTXkazdw
Les années 2010 sont synonymes de nouveautés et de records pour les studios Aardman avec la création d’un jeu vidéo Home Sheep Home, d’une attraction (Thrill-O-Matic) dans le parc d’attractions de Blackpool ; ainsi que deux records du monde : celui du plus petit film en stop-motion, Dot, animé à l’aide d’une épingle, et celui du plus grand, Gulp; représentatifs du bouillon créatif et de la recherche permanente opérée au sein du studio. Après deux crochets moyennement réussis par l’animation par ordinateur (Souris City en 2006 et Mission : Noël en 2011), les animateurs reviennent à leur premier amour en sortant un nouveau film en stop-motion : l’histoire de pirates sillonnant les océans afin d’obtenir le prix du Pirate de l’Année dans le film Pirates ! Bon à rien, mauvais en tout (2011).
Cette année, le sixième long métrage des studios, Shaun le Mouton, sortira en France le 1er avril. Il s’agit de l’adaptation en long métrage de la série éponyme, crée en 2007 par Nick Park. Réalisé par Mark Burton, le film est déjà un succès mondial, et devrait suivre le même chemin dans l’hexagone.
« Nous avons eu envie d’adapter la série Shaun le Mouton au cinéma car son réalisateur, Richard Starzak, est venu à nous avec une idée précise: il nous l’a pitchée sans nous donner trop de détails, mais assez pour que l’on se dise que cela pourrait être fun. Cette idée, c’était de sortir Shaun de la ferme et de l’amener en ville, un peu à la manière de Babe le cochon. C’est difficile d’être un mouton en ville, vous savez », nous raconte, non sans malice, Peter Lord, l’un des fondateurs du studio Aardman.
Une première mondiale
L’exposition Aardman « L’Art qui prend forme » est une première mondiale. Bien sûr, plusieurs expositions ont déjà été créées autour du sujet: une dans le musée de la ville de Bristol, ville d’origine des créateurs du studio, une dans les studios Ghibli au Japon, mais toutes deux balayaient la recherche créative de Peter Lord et de ses comparses de façon partielle. Evidemment non exhaustive, l’exposition au Musée Art Ludique accueille tout de même plus de 350 dessins de concept, 50 décors et personnages de films authentiques et plus de 60 courts et moyens métrages, pubs et videoclips ! Jean-Jacques Launier l’affirme « On s’est fait plaisir, on a pris le top, ce qu’il y avait de mieux ».
Montée en deux ans, l’exposition semble avoir un avenir tout tracé puisque plusieurs pays, dont l’Australie et la Chine, sont déjà en pleine négociation avec le Musée Art Ludique pour la recevoir à la fin de son séjour en France. Il est vrai que les films du studio Aardman ne semblent pas connaître de limites: tous les spectateurs se sentent proches de Wallace et Gromit et d’une certaine manière, ont presque l’impression qu’ils sont français. « C’est la marque des grands génies de puiser dans sa propre culture pour ensuite la communiquer au monde entier, et c’est cette même marque que l’on retrouve chez Miyazaki : quand on voit Chihiro, on ne pense pas que c’est une petite fille japonaise, c’est universel. » affirme Launier. Evidemment, le fait que les films soient le plus souvent sans paroles n’est pas étranger à leur capacité de traverser les frontières et les générations.
Du dessin à l’animation
L’exposition est construite de telle manière que le visiteur se rend compte de l’importance du dessin dans le processus de création : tout part de ces esquisses, ces croquis, de cette recherche faite parfois longtemps en amont par les créateurs. Cela semblait une évidence pour Jean-Jacques Launier de faire autant la part belle aux dessins :
« Le dessin c’est le langage primaire, c’est le langage des enfants ; et finalement quand on grandit on le perd malheureusement un peu. Mais que ce soit le cinéma ou dans l’animation, tout au départ est crayonné et on mésestime souvent cette dimension artistique. On voulait montrer en expliquant tout le processus artistique que derrière les grandes productions que l’on aime, il y a des artistes incroyables qui dessinent les créatures iconiques les plus marquantes de notre époque. »
L’exposition permet de se rendre compte de cela en mettant côte à côte la première étape (le dessin), la deuxième (la figurine en pâte à modeler ou en papier mâché) et la dernière étape (le film). Le visiteur peut ainsi mieux comprendre la manière dont le personnage prend vie à l’écran. L’exposition présente toute l’étendue créative des animateurs d’Aardman en mettant l’accent sur l’expression pure du travail et de l’ouvrage, à travers des story-boards, des aquarelles et même les carnets de croquis de Nick Park, encore étudiant, contenant les toutes premières esquisses de Wallace et Gromit, encore jamais présentées au public.
Au programme, donc, de nombreux écrans sur lesquels sont projetés des extraits des films les plus célèbres mais aussi les premiers courts métrages du studio, qui ne sont pas forcément ceux que l’on connait en France: de Early Bird en 1983 à Ray’s Big Idea en 2014 en passant par leur série DC Nation, mettant en scène Batman, Robin et Catwoman. Le fameux court-métrage de Nick Park L’Avis des Animaux est lui aussi projeté sur un écran, à côté de l’Oscar qu’il a reçu, ainsi qu’un cours de stop-motion donné par Peter Lord et un montage inédit visible en fin d’exposition, créé pour l’occasion par le studio Aardman et reprenant les scènes les plus marquantes de leurs films.
Les nombreuses publicités réalisées par le studio (Special K Fatal Flaws, par exemple) ainsi que des clips mythiques – Sledgehammer de Peter Gabriel, My Baby Just Cares For Me de Nina Simone pour ne citer qu’eux, sont visibles eux aussi à l’exposition, les ancrant définitivement dans la pop culture des années 80/90.
Crayon, peinture numérique, pâte à modeler, résine, textile: toutes les techniques, tous les matériaux et tous les supports semblent avoir été travaillés et utilisés par les animateurs du studio. Débordants d’idées créatives démentielles, Nick Park, Peter Lord et les autres repoussèrent sans cesse les limites de la création, animant tout ce qui semblait possible d’animer. L’exposition montre parfaitement ce processus « britishement » fou, cette façon de dessiner, de crayonner sans limites, de délirer totalement pour finalement passer à des dessins techniques plus sophistiqués jusqu’à en arriver à de vrais décors et de vraies figurines construites minutieusement.
Des figurines aux grands yeux reconnaissables entre tous et des décors monumentaux, véritables chefs d’oeuvre de sculptures, parsèment donc le parcours de l’exposition pour le plaisir des yeux, donnant une véracité et une démesure à leur créativité. C’est avec joie que l’on redécouvre le sous-sol de chez Wallace et Gromit, la fusée construite pour l’expédition lunaire, le potager du lapin-garou, la salle de réception de la Reine d’Angleterre ou encore le fameux galion des Pirates, pièce phare de l’exposition de plus de 5 mètres de haut. Prenez le temps de scruter tous les détails qui s’offrent à vous : vaisselle, cadres photos, papiers peints, lampes, chaussures, chaises, chapeaux. Tout est fait avec tellement de minutie que le rendu est proche de celui des objets in real life. Les artisans du studio sculptent, cisèlent, découpent, peignent, fabriquent… tout un travail d’orfèvrerie.
Lumière et animation
Intitulée « Sous les Arches« , l’installation d’un vrai décor grandeur nature filmant en direct une scène de Shaun le Mouton, comme dans un studio, est une des attractions phares de l’exposition. Car c’est bien de la lumière que naissent les courbes, les volumes, les reliefs et les ombres des sculptures. Les studios Aardman accordent donc tout autant d’importance à la lumière qu’aux sculptures elles-mêmes, fruit d’un travail complice entre les départements cinématographiques et artistiques du studio. Une ombre projetée sur le visage d’une figurine dans la pénombre sera ainsi digne des plus grands films noirs, tandis qu’une lumière éclatante peut très bien signifier le bonheur, comme le coup de foudre de Wallace pour Piella Bakewell dans Un Sacré Pétrin.
Jean-Jacques Launier nous a expliqué en quelques mots l’histoire et le processus de cette installation:
« C’est un vrai décor de Shaun le mouton, somptueux et impressionnant. Lorsque nous sommes allés les voir sur le tournage du film, je me suis dit : Ce serait génial de montrer ça au public, de mettre en scène leurs décors comme ils le font durant leurs tournages. C’est une vraie caméra qui vient de chez eux, tout comme les éclairages qui ont été installés par leur propre chef opérateur. Le but de cette installation, c’est de montrer l’importance de la lumière sur la sculpture parce que c’est elle qui lui donne tout son volume. Il y a donc un ordinateur qui règle la lumière qui passe du jour à la nuit et une caméra qui retransmet sur un écran ce qui est filmé en live. On voit à la fois le rapport de proportions incroyable entre la taille des figurines et leur apparence à l’écran, ainsi que l’effet de la lumière sur les sculptures. C’est une pièce majeure extrêmement intéressante et ça se passe là, devant nos yeux. C’est une expérience unique ».
Nature et animaux
Une partie importante de l’exposition est consacrée au rapport intime du studio à la nature, qui déborde de leurs films. Décor où se déroule l’action ou sujet à part entière, la nature est un fil rouge des films d’Aardman. Les animateurs du studio sont bucoliques et drôles, et leur petite ville de Bristol, verte, aérée et entourée de champs apparait comme une influence indéniable. Wallace et Gromit: Le Mystère du lapin-garou se présente d’ailleurs comme le « premier film d’horreur végétarien de l’histoire du cinéma » tandis que Shaun le Mouton est une poésie pastorale entrecoupée de gags burlesques. La nature y est un terrain de jeu narratif et visuel infini. Les animateurs du studio ont, en effet, cette approche très poétique entre l’être humain et l’animal et ils semblent le faire spontanément, sans y réfléchir.
« On leur a dit qu’à un moment dans le parcours de l’exposition, on aimerait aussi parler de la nature, montrer à quel point ils en sont proches car on le ressent vraiment lorsqu’on regarde Le mystère du lapin-garou, Chicken Run ou Shaun le mouton. Et ils nous ont regardé en disant «Mais on avait jamais pensé à ça»« , explique Jean-Jacques Launier
Et lorsque l’on demande à Peter Lord pourquoi le studio fait le choix de représenter la plupart du temps dans ses films des animaux plutôt que des humains, il nous explique une partie de l’histoire de l’animation et des personnages:
» L’animation a toujours donné aux animaux des « voix » et des caractères, depuis ses débuts. C’est traditionnel. Mais nous, le studio Aardman, nous prenons un malin plaisir à soutenir des animaux démodés, pas vraiment ceux que l’on s’attendrait à voir en tant que héros de films. Tout le monde aime les chats et les chiens, mais personne n’aime les poulets ou les moutons. C’est drôle, ça nous amuse de mettre en scène des personnages qui n’ont pas le droit au respect habituellement. En Angleterre, un « chicken » est synonyme de lâche, tandis qu’un « sheep » est quelqu’un de stupide qui suit le mouvement. Les transformer en héros, voilà ce qui nous plaisait ».
Stop-motion vs computer animation
Pourtant, l’époque des essais numériques et des deux longs métrages qui en découlèrent (Souris City et Mission : Noël) est quasiment entièrement passée sous silence dans l’exposition. En revoyant les films, on constate, en effet, qu’ils ont (beaucoup) moins bien vieilli que les films du studio en stop-motion, et qu’ils semblaient moins vrais, moins proches de l’essence même du studio. Lorsqu’on lui fait part de ces constatations, Peter Lord acquiesce :
« C’est vrai, c’est intéressant. Ce que l’on fait, le stop-motion, c’est classique. C’est un drôle de mot à utiliser mais vous comprenez, c’est une sorte d’élégance simple qui ne change pas car elle fonctionne. C’est comme un enregistrement de la vie opéré par nos mains, et c’est imprécis parce que c’est la vie. La plupart de l’animation que l’on voit est réalisée à partir d’instruments, d’ordinateurs; c’est brillant, c’est parfait mais cela n’est qu’une infime réalité sur ce que la vie et l’intime sont vraiment ».
https://youtu.be/RLJxoJM_ZbY
Quant à la domination du secteur par l’animation faite par ordinateur, en marche depuis des années, Peter Lord sait regarder la vérité en face :
« L’animation par ordinateur domine déjà le monde de l’animation. Si une jeune personne vient me voir en me disant qu’elle veut faire de l’animation, je lui répondrais de faire de la CGI (computer animation) car il y a beaucoup de travail, dans n’importe quel pays du monde, dans n’importe quel secteur: cinéma, jeux vidéos. De manière pragmatique, c’est la meilleure chose vers laquelle se tourner. Mais heureusement, il reste encore des personnes qui viennent me voir et qui veulent faire du stop-motion. Les gens pensent que le stop-motion est plus compliqué que l’animation par ordinateur, mais cela peut aussi être très rapide, très spontané. C’est pourquoi je suis encore confiant avec ça, malgré la domination de la CGI, car les gens aiment ça. Les gens ont adoré Shaun le Mouton et j’en suis heureux. Mais nous devons continuer à travailler très dur pour faire ce que nous faisons. Quand nous avons commencé, il y a de cela 40 ans, personne d’autre ne faisait ce que nous faisions. C’était bien. Et cela a duré pendant près de 15 ans, avant que l’animation par ordinateur ne devienne de plus en plus présente, et de plus en plus technique. Je suis fier que l’on continue à faire des choses différentes, je pense que le monde en a besoin. Le monde a besoin de diversité ».»
Et lorsqu’on lui demande ce qu’il pense de la 3D et des dessins animés actuels, sa réponse est sans appel :
« Je m’en moque un peu de la 3D. Ce que j’aime, ce sont les choses assez kitsch, comme lorsque de gros monstres sortent de l’écran – Grooah ! – Mais c’est très dur de faire rentrer ça très souvent dans une narration. Ca marche une fois, comme un jeu, mais c’est tout. Pour ce qui est des dessins animés, je n’en regarde pas assez. J’ai adoré The Lego Movie de Phil Lord et Christopher Miller, c’était très bien, très drôle. Mais j’ai détesté Frozen (La Reine des Neiges) : cela m’a fait l’effet d’être écrasé par la force fatale de Disney, par la culture américaine, tellement puissante que tout le monde a défailli et a adoré, sauf moi ».
Des projets en veux-tu, en voilà
Peter Lord nous a lâché quelques informations concernant les futurs projets du studio Aardman. Selon le réalisateur, il est difficile de trouver des projets qui vaillent la peine de se jeter à corps perdu dedans. C’est une des raisons pour laquelle le studio a finalement produit peu de longs-métrages (6 en 15 ans) – en prenant en compte évidemment la durée de création d’un film, à savoir qu’il faut environ une journée entière aux artistes pour réaliser une seconde d’animation.
« Il est difficile de trouver un projet sur lequel on veuille passer autant de temps, car l’on sait que cela va nous prendre entre 3 et 5 ans de notre vie. Il faut vraiment l’aimer, juste l’aimer. C’est vrai que l’on aurait pu être plus efficaces, et sortir ces 6 films de manière plus rapprochée, mais on ne peut se résoudre à sortir un film que s’il est « vraiment » terminé. C’est une recherche constante de la perfection. Si l’on trouve que c’est seulement « très bien », alors ce n’est pas encore assez ».
Nick Park est actuellement sur un projet de film qu’il dirigera. Ce nouveau projet, ce n’est pas un nouvel épisode des aventures de Wallace et Gromit, malheureusement, bien que Peter Lord nous affirme qu’on les reverra sur les écrans tôt ou tard ! Le studio – et plus particulièrement Richard Starzak, est aussi en train de réfléchir à une suite à Shaun le Mouton. Peter Lord, quant à lui, est en train de travailler sur une série d’animation de 6 épisodes de 25 minutes chacun.
« Tout ce que je peux vous dire, c’est que c’est un projet très ambitieux. Cela représente beaucoup d’animation à faire – environ la durée de deux longs métrages, et cela devrait prendre au moins deux ans avant d’être terminé. J’espère que tous ces projets du studio n’arriveront pas en même temps car il n’y aura pas assez d’animateurs dans le monde et de studios disponibles pour tout faire ! », ironise l’animateur.
Pour ce qui est du Musée Art Ludique, Jean-Jacques Launier affirme : « Nous avons des expos plus ou moins prêtes jusqu’en 2019. Il faut tellement de temps pour en monter une que l’on s’y prend évidemment longtemps à l’avance ». Malgré l’embargo qu’il s’impose à lui même sur le contenu de la prochaine exposition, il se permet un petit teasing « La prochaine expo va concerner le territoire français… » Un indice bien léger mais qui laisse imaginer de belles choses. En effet, avec plus de 200 000 visiteurs pour l’exposition Marvel et l’entrée dans le top 15 des expositions les plus vues en 2014, le Musée Art Ludique a de beaux jours devant lui.
Exposition Aardman « L’Art qui prend forme », du 21 mars 2015 au 31 aout 2015, au Musée Art Ludique, 34 Quai d’Austerlitz Paris 13
Durée: 1h30, voire 2h si la visite est faite consciencieusement.
Le petit +: l’audio-guide raconté par Antoine de Caunes, à écouter en anglais pour se moquer de son accent « a bit exaggerated« .
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