Comme un fait exprès, l’actualité vidéo accompagnant la sortie sur les écrans du Monde perdu tirait à vue sur le film de Spielberg. En l’accusant de plagiat (voir du côté de la collection Kaiju chez HK Vidéo) ou, mieux, comme avec ce Voyage dans la préhistoire, en réduisant à néant ses stupéfiantes performances technologiques […]
Comme un fait exprès, l’actualité vidéo accompagnant la sortie sur les écrans du Monde perdu tirait à vue sur le film de Spielberg. En l’accusant de plagiat (voir du côté de la collection Kaiju chez HK Vidéo) ou, mieux, comme avec ce Voyage dans la préhistoire, en réduisant à néant ses stupéfiantes performances technologiques et en rappelant combien la poésie (l’âme ?) est une condition sine qua non à la réussite d’un film fantastique.
Karel Zeman - figure importante du cinéma d’animation tchèque et amateur invétéré de Jules Verne - a fondé son oeuvre sur les risques d’un imaginaire qui manque cruellement dans Le Monde perdu. Voyage dans la préhistoire est l’exemple idéal d’un univers émouvant, qui reconstitue et donne vie aux célèbres gravures des éditions Hetzel avec un soin infini, et même effarant pour l’époque (1955).
Fils de Méliès, cousin de Willis O’Brien et Harryhausen, le cinéma de Zeman séduit encore aujourd’hui avec ses utopies surannées, ses envies de fantaisies féeriques camouflant avec discrétion le travail de titan consacré à l’animation image par image des créatures parfois des maquettes grandeur nature et, grande première d’alors, des marionnettes manoeuvrées électroniquement. Une vie insufflée qui balaie la désuétude du scénario, très didactique, voire simpliste (quatre enfants remontent le temps en naviguant à contre-courant sur une rivière). On n’est pas loin de Lolek et Bolek dans les âges anciens. Et pourtant certaines scènes restent incroyablement modernes dans leur rythme, comme ce combat avec un tigre à dents de sabre ou cette attaque d’autruche géante. Un résultat dû aux innovations de Zeman, des techniques tellement au point qu’on les réemploiera vingt ans plus tard pour La Guerre des étoiles.
Autre grand intérêt de cette exhumation : la version présentée, inédite jusqu’alors en France, est celle d’origine et non celle du distributeur américain, qui transféra à coups de stock-shots l’intrigue dans Central Park et la surchargea de scènes réelles d’éruptions volcaniques. Un sens du spectaculaire qui avait englouti cette vibrante innocence enfantine, inestimable copyright des travaux de Karel Zeman.
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