Sélectionné par la Semaine de la critique, bizarrerie à la mode cosaque, qui de ses garçons a su tirer la grâce.
Dans un pays inconnu, à une époque (1856) arbitrairement datée, deux couples de frères survivent, se croisent, combattent, se poursuivent, se vengent. Leurs noms : Jakub et Vladimir, Roman (Grégoire Colin, sibyllin) et Elias. On est d’abord agacé par tant de maniérisme, d’épure forcée, par cette fascination un peu vide pour l’Histoire. Les acteurs sont empêtrés dans leurs haillons, vaguement honteux de se prendre au jeu – quand cela arrive – de cette petite fantaisie cosaque. Au fond, tout cela ressemble à un immense terrain de jeu, aux règles établies par des enfants avides de jouer à la guerre. Et une fois envisagé sous cet angle, le film se pare d’une curieuse grâce. Les décors en carton-pâte matérialisent la fragile inventivité de l’enfance, les comédiens malhabiles s’échangent les répliques dans un jeu de rôle touchant, où les pudeurs de chacun s’écorchent entre elles. Sans discussion possible, c’est un film de garçons : coups et étreintes, la haine ou l’amour qu’ils se portent, l’opposition ou le partage des forces. Et peut-être même : un film amoureux de ses garçons, tant cette représentation archaïque des corps ne semble plus tendre, à la fin, que vers l’exaltation de leur sensualité.