Virginie Efira passe pas mal de temps avec Cary Grant, Yann Gonzalez se délecte de la mélancolie de Ian William Craig et Bertrand Mandico est envoûté par Sergueï Bondartchouk et l’œuvre dessinée de Keleck.
Virginie Efira, actrice : Trois soirées par semaine avec Cary Grant
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
En ce moment, j’invite avec beaucoup de régularité Cary Grant à venir se confiner chez nous. Il vient à peu près trois soirs par semaine, il ne porte pas de masque mais il est toujours très propre et bien habillé. Quand il est là, le monde redevient monde et plus rien n’est grave.
Dernièrement, il est venu avec La Dame du vendredi d’Howard Hawks, que je ne connaissais pas. Dans ce film tout le monde se parle énormément et de tout près, c’était merveilleux. C’est un chef-d’œuvre de drôlerie qui m’a donné envie de jouer, d’écrire, de vivre. Cette même semaine, il s’est aussi ramené avec La Mort aux trousses, Indiscrétions et Soupçons. A chaque fois qu’il vient, le salon s’agrandit, c’est très pratique.
La Dame du vendredi d’Howard Hawks (E.-U., 1940, 1h32). Disponible en VOD sur La Cinetek, UniversCiné, Canal VOD, Cinémas à la demande
La Mort aux trousses d’Alfred Hitchcock (E.-U., 1959, 2 h 16). Disponible en VOD sur UniversCiné, Canal VOD, MyTF1VOD, La Cinetek, FilmoTV, Orange, Cinémas à la demande
Indiscrétions de George Cukor (E.-U., 1940, 1 h 52). Disponible en VOD sur UniversCiné, Canal VOD, La Cinetek, Orange
Soupçons d’Alfred Hitchcock (E.-U., 1941, 1 h 39). Disponible en VOD sur La Cinetek
Yann Gonzalez, cinéaste : Red Sun Through Smoke de Ian William Craig
J’ai découvert l’année dernière le travail de Ian William Craig et je m’y replonge souvent ces temps-ci. Son dernier album, Red Sun Through Smoke, est sorti il y a quelques semaines à peine, et c’est un nouveau chef-d’œuvre. Sa voix aux échos quasi mystiques, ses mélodies d’une folle mélancolie mais toujours traversées par une forme d’espoir, de résilience, me réconfortent et m’inspirent malgré la solitude, la parent en tout cas d’une chaleur humaine qui parvient à me faire oublier – momentanément hélas – le manque terrible de la peau, des lèvres, des étreintes.
Red Sun Through Smoke de Ian William Craig (Fat Cat Records). Sur Bandcamp et les plateformes de streaming
Bertrand Mandico, cinéaste : Guerre et Paix de Sergueï Bondartchouk et l’œuvre dessinée de Keleck
J’ai découvert, il y a peu, cette adaptation du roman de Tolstoï d’une durée de presque sept heures. Son lyrisme absolu m’a envoûté. Bondartchouk devant et derrière la caméra embrasse l’âme russe à pleine bouche et nous donne à voir un film aussi grandiose qu’intime, tout aussi métaphysique que charnel. La caméra virevolte, s’élève, traverse les flammes, rampe, mord les étoffes, caresse les branches, le plus naturellement du monde. Nous ne sommes pas dans de l’effet de style, mais dans un style effervescent, le trip romanesque absolu.
Pas d’actualité autour de Keleck (dessinatrice, illustratrice décédée en 2002) mais l’envie de partager son œuvre, ses images. Quelques ouvrages pour adultes, d’autres pour la jeunesse et une quantité extraordinaire de couvertures de romans fantastiques. Keleck est une des fondatrices de la revue de bande dessinée féministe Ah ! Nana, elle y signe planches vénéneuses et couvertures provocatrices. Le style de Keleck prend ses sources dans le gothique horrifique, avec un souffle de modernité rock et post-pop art, qui fait toute sa singularité. Certaines de ses images flirtent avec celles du groupe Bazooka et annoncent toute l’iconographie punk des Jeunes Gens Mödernes. Personnages sombres, transgenres, tout de cuir vêtus, fonds en aplats de couleur, quadrillage et lignes constructivistes.
Keleck réalise des livres pour enfants sous la houlette du visionnaire Harlin Quist, elle cosigne avec son talentueux compagnon, Nicollet, quelques livres d’images étranges et rares. Mais c’est dans la collection Titres/SF qu’elle livrera un florilège de couvertures plus sublimes et plus inspirées les unes que les autres. Je vous invite à fouiner sur le net, chercher, traquer les images de Keleck, et à acheter aveuglément les romans dont elle a maquetté et signé les visuels. Car ces images continuent à s’infuser tout au long de la lecture des romans. Pour moi, le style ultra-féminin et inspiré de Keleck est indémodable, puissant et inspirant.
Guerre et Paix de Sergueï Bondartchouk (Rus., 1967, 6h45)
Textes et propos recueillis par Bruno Deruisseau et Jean-Marc Lalanne
{"type":"Banniere-Basse"}