Fin avril, nous vous présentions 10 très beaux films d’auteur français disponibles sur Netflix. Désormais, c’est au tour des films d’auteur américains d’être mis à l’honneur. Entre comédie romantique, science-fiction et drame policier, voici une jolie sélection de 10 films trop peu explorés sur la plateforme.
Dune de David Lynch (1984)
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Si trois autres films de David Lynch, Eraserhead, Twin Peaks : Fire Walks with Me et Lost Highway, ont été mis en ligne sur Netflix le 8 mai dernier, impossible de passer à côté de Dune, œuvre phare de la science-fiction, dispo sur la plateforme depuis le 1er mai. Adaptée du best-seller de Frank Herbert, cette œuvre tout aussi expérimentale que sublime a pourtant longtemps été reniée par son cinéaste, en raison de son échec commercial cuisant.
L’avant-gardisme de Dune tient à son côté kitsch, où des décors et costumes follement originaux s’entremêlent maladroitement et grossièrement aux effets spéciaux. Le pitch est le suivant : l’empereur Shaddam IV règne sur l’univers et, persuadé d’être menacé par le pouvoir mystérieux de la famille Atréides, il extermine le peuple de la planète Dune. Paul, héritier des Atréides, échappe au massacre et va trouver refuge chez le peuple du désert, pour préparer sa vengeance.
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Jackie Brown de Quentin Tarantino (1997)
Troisième film de Tarantino après le succès de Reservoir Dogs en 1992 et de Pulp Fiction en 1994, Jackie Brown est la première adaptation du cinéaste : celle de Punch créole, le roman noir d’Elmore Leonard. Loin de l’action et de l’adrénaline des deux premiers longs métrages du réalisateur, Jackie Brown est un film soul qui prend son temps, tout en racontant avec simplicité les rapports entre les Noirs et les Blancs. L’occasion enfin pour Tarantino d’exprimer son amour pour la culture afro-américaine. “C’est un film unique dans mon œuvre parce que c’est le seul qui ne se situe pas dans le ‘monde de Tarantino’”, confie le cinéaste lui-même dans cet entretien. Bref, le pitch est bon et le casting cinq étoiles encore plus – Pam Grier, Robert Forster, Robert De Niro, Samuel L. Jackson, Bridget Fonda et Michael Keaton.
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Dragon Rouge de Brett Ratner (2002)
Après avoir été adapté par Michael Mann via l’excellent Le Sixième sens en 1986, Dragon rouge, le roman de Thomas Harris, fait l’objet en 2002 d’un nouveau film du même nom. Ce dernier s’inscrit dans la lignée de la tétralogie vouée à la gloire d’Hannibal Lecter avec Le Silence des agneaux (le meilleur), Hannibal (le moins bon) et Hannibal Lecter : Les Origines du mal. Porté par un casting dantesque avec le trio Anthony Hopkins, Edward Norton et Ralph Fiennes, Dragon Rouge offre certes une mise en scène assez classique, mais s’accroche à son intrigue policière bien ficelée. Si le thriller combine suspense, frisson et gore avec une grande justesse, on retiendra surtout la bande sonore magistrale du compositeur Danny Elfman.
Comment savoir de James L. Brooks (2010)
Si ni l’affiche, ni le titre ne donnent l’impression d’un film d’auteur alléchant, Comment savoir est pourtant une petite pépite, entre comédie et mélodrame, cachée dans les tréfonds de Netflix. L’histoire suit une sportive sur le déclin – interprétée par la pétillante Reese Witherspoon, en vraie héroïne rohmérienne – qui, tout juste virée de l’équipe nationale de softball, rencontre un joueur de base-ball en pleine ascension (Owen Wilson) et un homme d’affaires en pleine chute (Paul Rudd). Le dilemme va alors être pour elle de choisir. Le film prend son temps de manière organique et avance au gré des questions. Avec beaucoup de minutie et d’intelligence, James L. Brooks nous fait réfléchir sur l’équilibre de notre vie, entre optimisme et pessimisme.
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Le Stratège de Bennett Miller (2011)
A mi-chemin entre le récit hollywoodien classique et le film de sport héroïque, Le Stratège est inspiré d’un essai sorti en 2003, Moneyball : l’art de gagner un jeu injuste. Un ex-joueur de baseball, Billy Beane, décide de diriger une équipe grâce à une méthode révolutionnaire : ne gagner qu’avec des losers. Si le film tient en partie aux performances fabuleuses de Brad Pitt et Jonah Hill, le génie de cette épopée revient surtout au duo de scénaristes Steven Zaillian et Aaron Sorkin (à qui on doit La Liste de Schindler, Gangs of New York, The Social Network). Après Truman Capote, Bennett Miller confirme à nouveau l’intelligence de sa mise en scène ainsi que son talent à filmer la parole comme pure action.
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Carol de Todd Haynes (2015)
Thérèse (Rooney Mara), jeune et timide employée d’un grand magasin, rencontre Carol (Cate Blanchett), une cliente distinguée, plus riche, plus âgée, déjà initiée aux vertus saphiques. Leur rencontre provoque une étincelle, les piégeant ainsi entre les conventions sociales des années 50 et leur attirance mutuelle. Sous l’emprise de la magnifique mise en scène de Todd Haynes, le film glisse délicatement dans une rotation de regards, intenses comme furtifs. L’interdit de cet amour lesbien rend l’alchimie du duo d’actrices encore plus magnétique, émotionnel et envoûtant qu’il ne l’était déjà.
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Manchester by the sea de Kenneth Lonergan (2016)
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Lee, homme solitaire de Boston et quadra dépressif, reçoit un jour un appel lui annonçant la mort de son frère. Il retourne donc dans leur petite ville portuaire à Manchester, où il apprend en sus qu’il a été désigné comme tuteur de son neveu, Patrick, 16 ans. Le cinéaste épluche patiemment le passé de leur famille, jusqu’à dévoiler les réticences de Lee à retourner vivre à Manchester. Si le film traite du deuil, il parvient avec habileté à déjouer les codes piégeux du pathos et à adoucir le tragique grâce à la maladresse des personnages, joué par Casey Affleck (récompensé par l’Oscar du Meilleur Acteur en 2017) et Lucas Hedges, brillant, comme le reste du casting. Kenneth Lonergan, sans jamais nous tirer les larmes des yeux, réinvente le mélodrame, et ce, avec brio.
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The Edge of seventeen de Kelly Fremon Craig (2016)
The Edge of Seventeen suit Nadine (Hailee Steinfeld), une adolescente de 17 ans qui est clairement dépressive. Harcelée à l’école et sans amis, excepté sa meilleure amie Krista, Nadine va alors se confier à son prof (Woody Harrelson), qu’elle prend pour son psy. La réalisatrice polit chacune de ses scènes d’un réalisme où l’on parle toujours pour dire quelque chose d’utile et pour ébranler un minimum notre conscience. Comme dans un récit d’apprentissage, les âmes se scrutent et s’examinent, les personnages s’acharnent, apprennent, ajustent leurs désirs, puis acquièrent une certaine sagesse. Bref, The Edge of Seventeen, qui s’éloigne du teen-movie Netflix habituel, est une chronique fraîche à découvrir.
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Les Bums de la plage d’Eliza Hittman (2017)
Projeté en avant-première mondiale à Sundance en 2017, Les Bums de la plage raconte l’incapacité de jouissance d’un jeune homme en pleine quête identitaire, tiraillé entre ses désirs homosexuels et la pression sociale. Alors qu’il s’efforce d’entretenir une relation avec une fille, il ne peut s’empêcher de flirter avec des hommes âgés sur internet. Entre Moonlight et Beau Travail, le film, magnifiquement éclairé et photographié, explore l’empêchement du désir. Il est porté par un Harris Dickinson tellement hypnotisant qu’il transporte l’histoire en un récit glaçant et anxiogène. Bien trop sous-côté sur la plateforme, ce magnifique film indé, mis en scène par Eliza Hittman, mérite un coup d’œil.
Triple frontière de J. C. Chandor (2019)
Si Triple frontière peut donner l’image d’un gros blockbuster bourré de testostérone de par son casting assez costaud (Ben Affleck, Pedro Pascal, Oscar Isaac et Charlie Hunnam), il propose en tout cas ce qu’il y a de meilleur dans le genre de l’action, du survival et du thriller. Comme dans son précédent film Margin Call, J. C. Chandor est ici à nouveau fasciné par le thème de la contagion de l’argent. Ici, d’anciens soldats des forces spéciales décident de monter un coup risqué en pillant un baron de la drogue sud-américain. En évitant tout manichéisme, ces personnages “chandoriens” nuancent constamment la notion du bien et au mal en essayant de franchir, d’une part les frontières physiques de la Colombie, du Pérou et du Brésil, mais aussi celles morales et psychologiques.
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