On attendait mieux d’un cinéaste de la génération des pétitionnaires anti-lois Debré que cette gentille caricature du militantisme. Selon Rochant, les professionnels de la politique ne font plus leur boulot et c’est aux citoyens de base de prendre les choses en main. Un bon postulat de départ, mais pourquoi le vouer à l’échec ? Car […]
On attendait mieux d’un cinéaste de la génération des pétitionnaires anti-lois Debré que cette gentille caricature du militantisme. Selon Rochant, les professionnels de la politique ne font plus leur boulot et c’est aux citoyens de base de prendre les choses en main. Un bon postulat de départ, mais pourquoi le vouer à l’échec ? Car que dit le synopsis ? « Une bande de chômeurs essaie de créer un nouveau parti politique… » Tout est là : d’abord on ne parle pas d’association ou de confrérie, mais de « bande ». Il s’agit juste d’un agglomérat d’individus divers réunis un peu au hasard. Ensuite, cette bande « essaie de créer un parti politique ». Traduction en clair : « échoue dans sa tentative de fonder un parti ».
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Mais foin de politique, le film est d’abord une belle leçon d’amitié, comme aurait dit l’épatant Jean Nohain. Rien de plus. Car une fois que notre poignée de chômeurs se trouve réunie en phalanstère (de réflexion), que se passe-t-il ? L’un se rêve en politicien adulé c’est le côté Capra du film. Son comparse n’a qu’une obsession : être nommé président du parti. Les autres mecs sont essentiellement là pour draguer. Sexe et pouvoir. D’ailleurs, tout le film repose sur un système binaire ; des AG « politiques » à la bonne franquette où l’on traite de questions frappées au coin du bon sens, alternant avec les intrigues internes des membres du parti. Lesquels constituent un panel représentatif comme on dit à la télé, répondant à des critères sociologiquement corrects : le jeune père marié, le jeune père divorcé, le Beur, le juif, la néoféministe, le yuppie imposteur… Vive la République ! ressemble donc à un sondage déguisé en fiction comique grâce à quelques artifices habiles, quelques fioritures émouvantes pour faire passer la pilule et forcer l’identification. Le pire exemple est la scène extrêmement symptomatique où l’on découvre Aure Atika au lit avec le juif Emile et le Beur Ahmed. Dialogue du genre : « Ah, baiser avec un juif et un Arabe… J’avais l’impression d’être une ville sainte ! » On voit à quel niveau se situe le débat d’idées.
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