Idéologiquement inconsistant, ce film échoue à renouer avec l’esprit acide du cinéma politique italien.
Avec cette farce politique qui se voudrait une fable édifiante et lumineuse, Roberto Ando croit sans doute avoir ressuscité la veine militante et pamphlétaire du 7e art transalpin, aujourd’hui portée disparue. Le cinéaste en est très loin, tout simplement parce qu’il ne sait pas styliser, ni dessiner des caractères suffisamment exacerbés, voire crédibles.
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D’ailleurs, cela ne commence ni comme une farce ni comme une fable. Cela le devient en cours de route. Au départ, c’est raplapla : Enrico Oliveri, secrétaire général d’un très vague parti de gauche italien (le PSI ?), mène une campagne désastreuse lors des élections législatives. On l’accuse d’entraîner son camp vers le gouffre. Bien conscient de ses défaillances, Oliveri s’éclipse et se réfugie chez une ex à Paris. Aux abois, le parti dégote le frère jumeau d’Oliveri, un philosophe reconnu mais un peu allumé (il sort d’un hôpital psychiatrique), et le propulse d’office remplaçant de son frère. Grâce à une absence totale d’inhibition, celui-ci, tel un bouffon du roi, emploie un parler-vrai qui enflamme les masses et réveille un électorat catatonique…
Cette comédie cousue main pour mettre en valeur le talent du nouveau Fregoli italien (Servillo) manque tout simplement de contenu. La partie politique proprement dite est au bout du compte une forme de démagogie populiste consistant à renvoyer tous les partis et tendances dos à dos, au nom du réalisme et du refus de la langue de bois. Idéologiquement, l’encéphalogramme est plat. Parler-vrai est une bonne chose, mais lorsqu’on n’a rien de spécial à dire et qu’on se contente de surplomber ironiquement la médiocrité de ses contemporains, on ne flatte que les gogos, facilement bluffés par une posture.
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