Comeback étonnamment timide qui sape définitivement l’ancien mordant d’une saga d’un autre temps.
Inutile de se cacher derrière son petit doigt : on ne s’attendait pas à une bonne surprise en allant voir ces Visiteurs 3. Caché à la presse, déjà auréolé d’un nuage de soupçons suite à une grossière erreur de communication sur son affiche (où apparaissent 9 visages mais seulement 8 noms, celui de Pascal N’Zonzi, seul comédien noir, ayant été éludé), le film ne partait pas gagnant mais il faut bien dire que si, en effet, il ne gagne pas nos faveurs, c’est surtout parce qu’on s’y ennuie ferme.
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Godefroy de Montmirail et Jacquouille la Fripouille égarés en pleine Révolution française auraient auguré un sacré carnaval, pour le meilleur ou plus probablement pour le pire ; et pourtant ces Visiteurs 3 font l’étonnant choix d’une sorte de vide, la quasi totalité du film se déroulant dans un seul lieu où Marat, Robespierre et une poignée d’archétypes d’époque et de figurants-zombies défilent mollement, dans un film qui manque curieusement d’envie et d’enthousiasme.
Ainsi ce troisième volet évoque-t-il une sorte de film à sketches sans sketches, se contentant tristement de la cohabitation polie du réchauffé (le burlesque grivois des deux héros, pas gênés de ressortir leurs « okay » et leur patois médiéval) et du nouveau (une bande pas très convaincante d’invités bankable, au premier rang desquels Karin Viard) sur fond de chromo d’époque pas très inspiré.
Or c’est bien du côté de l’époque que ces Visiteurs déçoivent : plus une trace de contemporain (ni directement, ni par écho) dans le perpétuel baroudage temporel de la saga, désormais disposée à ne puiser que dans les facilités du film d’époque pour reproduire à l’infini sa recette marivaldienne (un mot qui lui fait quand même une fleur) et faire valser l’organigramme des maîtres et des servants de la société française. Il manque au film cet « aujourd’hui » qui faisait quand même le sel du premier volet en mettant à jour un néo-pouvoir qui ne disait que timidement son nom (celui de la bourgeoisie des « Jacquard »), tout en l’éclaboussant d’un peu de boue (le sang hérité des « Jacquouille »).
Les Visiteurs ressemblent désormais à une tiède leçon d’histoire dont la possible suite, sise en pleine Occupation si l’on en croit le final du film (retour du tandem Poiré/Clavier à Papy fait de la résistance ?), ne devrait pas déroger à cette règle.
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