Les deux artistes partent à la recherche de modèles pour afficher leurs portraits au hasard d’un périple dans les villages francais. Une radiographie de la France, mais aussi une reflexion mi-grave mi-malicieuse sur les traces d’une vie.
Agnès Varda, le grand retour ! Visages, villages, présenté hors compétition, est son premier film de cinéma depuis Les Plages d’Agnès en 2011 (César du meilleur documentaire). Co-réalisé avec le photographe et « affichiste » JR, c’est bel et bien un film d’Agnès Varda, un auto-documentaire tourné vers les autres, en quelque sorte. On y retrouve une nouvelle fois sa verve, sa malice, sa sensibilité, son goût pour les coqs à l’âne et les maraboud’ficelle, sur fond de mélancolie (tout va ensemble).
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https://www.youtube.com/watch?v=YlQ104-3XYs
Voir les yeux de JR
Le projet des deux nouveaux amis est simple, à la Depardon (ils sont tous trois photographes, à l’origine) : faire le tour de France dans la camionnette-studio de JR, aller à la rencontre des gens, leur parler, les photographier, développer les photos et les afficher en grand dans leurs propres lieux. JR et Varda prennent des ouvriers, des agriculteurs, une vendeuse, et les vedettarisent soudain, exposés dans une sorte de musée naturel. Autre enjeu du film, qui va servir de fil rouge au récit et qui peut paraître minuscule : AV veut forcer JR a montré ses yeux, toujours dissimulés derrière des lunettes noires, comme ceux de Godard dans le court-métrage burlesque de Cléo de Cinq à sept. Ce qu’elle a réussi à faire il y a près de cinquante ans avec le cinéaste franco-suisse (très « présent » dans le film…), parviendra-t-elle à l’accomplir aujourd’hui ? Réitérera-t-elle son exploit ?
Les larmes nous montent aux yeux
Derrière cette anecdote – qui trouvera une conclusion taquine et émouvante – Visages villages est évidemment un film sur la vieillesse, la mort qui approche. Les yeux sont au cœur du film, comme si Varda, qui annonce qu’elle perd peu à peu la vue – elle qui lui doit tant, à ce sens – faisait une dernière fois le tour d’un territoire, de paysages et de gens aimables ou aimés qu’elle n’est plus sûre de pouvoir contempler très longtemps.
Dans quelques scènes, Varda pleure. Dans les dernières, les larmes nous montent aux yeux. A la fin de ce mois, Agnès Varda aura 89 ans, et elle nous en a encore mis plein les mirettes !
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