Ses débuts d’animatrice télé pour ados, son irruption dans Nouvelle Star, ses succès dans des comédies romantiques, puis le coup d’éclat de Victoria, comédie foudroyante de Justine Triet : la méthodique ascension de Virginie Efira.
Avant Victoria, tu n’avais pas eu à jouer une telle variété d’émotions, une palette aussi subtile et étendue. Est-ce que pour toi ce film marque un cap ?
Virginie Efira – (Long silence) Euh… La fille qui met une heure à répondre à une question. (rires) En lisant le scénario, j’ai vu ça : la qualité de nuances du personnage, la largesse de ce qu’il charrie. J’ai senti que le film serait vaste, joyeux, dense… Mais bon, à ce moment-là, je ne me suis pas dit pour autant : “Tiens, je passe un cap”. J’étais juste enthousiaste et heureuse. Et je ne mesure pas le filmau reste de ce que j’ai eu à jouer depuis mes débuts.
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Tu n’éprouvais aucun manque dans ta carrière jusque-là ?
Si quand même. Progressivement. Etant identifiée aux émissions de télévision que j’ai présentées, j’ai eu des propositions en rapport avec cet univers et liées essentiellement à ma morphologie. Le risque était de retrouver dans le cinéma ce que j’avais fui à la télévision. Je ne voulais surtout pas entendre des décideurs dirent des phrases comme “C’est un peu segmentant” ou “C’est beaucoup trop anxiogène”.
J’avais envie de pouvoir faire des choses segmentantes et anxiogènes. Assez logiquement, c’est la comédie populaire qui est venue à moi. Je me suis demandé comment en faire quelque chose. C’est assez curieux de trouver de la confiance en soi quand objectivement rien n’indique que tu peux l’avoir. Rien ne permettait de penser que je pourrais faire des choses intéressantes au cinéma mais j’ai décidé d’y croire.
Les choses se sont enclenchées assez vite après ton départ de la télévision.
Oui, c’est vrai. Et en même temps j’ai l’impression qu’elles se sont construites petit à petit. Sans revenir sur cette notion de cap, je dirais que j’ai senti quelque chose s’agiter en moi en tournant le film d’Anne Fontaine, Mon pire cauchemar. Mon rôle était modeste mais la rencontre avec Isabelle Huppert, André Dussollier…, celle avec un producteur vraiment cinéphile, Philippe Carcassonne, m’ont fait éprouver le sentiment de faire du cinéma.
La dernière scène de Victoria est très belle parce qu’avec Vincent Lacoste, vous ne la jouez pas du tout selon les codes de la comédie. Tout à coup, on est dans un mélodrame.
Souvent, dans les comédies romantiques, on essaie de gommer l’ambivalence des sentiments contenue dans tout rapport. On privilégie une seule note. Le film de Justine prend en charge ça. Elle est une cinéaste à la fois très cérébrale, qui construit une réflexion très articulée sur ce qu’elle veut faire.
Mais après, quand elle dirige, elle laisse beaucoup de marge à son instinct, son inconscient. Des choses de mauvais goût peuvent même surgir. Et tant mieux. En plus, la scène dont tu parles est la dernière qu’on ait tournée. J’étais dans un drôle d’état. Normalement à la fin d’un tournage, il y a une fête, on sait qu’on va quitter des gens avec qui on a passé deux mois, on n’est ni heureux ni triste : c’est dans l’ordre des choses.
Là, sur Victoria, c’était plus compliqué. Je ne voyais pas très bien comment passer à autre chose. J’ai vraiment rencontré quelqu’un d’important pour moi avec Justine et quand le film a été fini, on s’est un peu retrouvées comme deux gourdes. Il y avait toujours le même amour entre nous, mais aussi une sorte de pudeur, d’embarras, parce qu’il n’y avait plus d’objet à fabriquer ensemble.
Quand Victoria dit à une amie qui lui reproche de faire le jeu de la misogynie : “Ce qui est misogyne, c’est de penser que les femmes sont des victimes par nature”, c’est une phrase avec laquelle tu es d’accord ?
Oh oui ! J’avais déjà essayé de placer cette idée dans 20 ans d’écart de David Moreau (2013). Pour moi, c’est un fait tellement irréfutable que les femmes sont des êtres pensants et qu’on peut quand même nous objectiser.
Ça peut être un choix de faire la femme-objet, la bimbo, d’être considérée prioritairement comme un corps… Les symboles féminins qui ont marqué mon enfance et mon adolescence étaient des corps de femmes extrêmement sexy, mais autoritaires, conquérants. Comme les danseuses de All That Jazz de Bob Fosse (1980).
Beyoncé, c’est une icône féministe pour toi ?
Le côté, on peut tout faire mais si on le fait avec son mari c’est mieux, c’est quand même compliqué. Je me souviens que dans L’amour, c’est mieux à deux (2009), avec Manu Payet et Clovis Cornillac, il y avait un dialogue où une copine s’étonnait que je n’aie pas couché avec un mec au premier soir et à qui je répondais : “Pour une fois qu’un mec me respecte !” Je suis allée voir le metteur en scène en lui disant : “Hum, t’es sûr de cette réplique ? Ne pas coucher, c’est respecter l’autre ? Le sexe, c’est irrespectueux ? C’est moderne, dis-moi…” (rires)
Elle de Paul Verhoeven, dans lequel tu interprètes l’épouse d’un violeur, a été attaqué dans certaines tribunes parce qu’il représenterait un fantasme masculin d’acte sexuel contraint suivi de consentement. Il participerait en cela d’une “culture du viol”.
Oui, j’ai lu ça. D’abord, c’est une œuvre de fiction qui n’a pas vocation à être exemplaire sur les comportements posttraumatiques liés au viol. Le film exprime un fantasme, c’est vrai. Mais qui peut tout aussi bien être féminin.
Ce n’est pas parce qu’on éprouve un fantasme qu’on souhaite que ça nous arrive dès qu’on sort de chez nous. C’est un espace séparé du réel. Et puis le personnage d’Isabelle (Huppert – ndlr) passe du statut de victime à celui de femme qui reprend le contrôle, qui a une sexualité offensive. La pensée du film me semble féministe.
Tu étais adolescente quand tu as quitté la Belgique ?
Je ne sais pas. Est-ce qu’à 27, 28 ans, on est encore ado ? (rires)
Ça dépend qui…
C’est vrai : je suis un peu redevenue ado en m’installant à Paris. Quand j’étais vraiment ado, j’écrivais un journal. Je l’ai relu il y a quelque temps et je suis restée médusée. Je me suis dit : “Ah d’accord ! Je ne suis donc que ça !” De pages en pages, je ne parle que de garçons. En plus, ça reste complètement platonique.
Ce ne sont que des rêveries sans fin sur le physique des garçons, le fait d’être regardée. C’était ma grande obsession. Je m’intéressais tout de même aussi au cinéma. Dans ma chambre, il y avait l’affiche de Jungle Fever (1991). Ce n’est pas le meilleur Spike Lee mais c’est le premier que j’ai vu et après j’ai découvert tous les autres.
J’étais à fond sur cette vague de cinéma black, Boyz’n the Hood (John Singleton, 1991), New Jack City (Mario Van Peebles, 1990)… J’écoutais du hip-hop, je sortais avec des garçons noirs. Spike Lee a été pour moi une révélation. Sinon, je nourrissais beaucoup de fantasmes autour des comédiennes, autour de ce que je supposais de leur vie. J’adorais Marilyn Monroe pour son alliage si gracieux de féminin et d’enfantin. J’aimais beaucoup Kim Novak, parce que j’adorais Vertigo (Hitchcock, 1958). Et j’étais amoureuse de Julia Roberts.
Quand as-tu découvert ton aptitude à faire rire ?
Assez tard. Ce sont les autres qui ont décrété que mon lieu serait le comique. Moi, je ne me vois pas comme une actrice comique, disons dans le sens Louis de Funès du terme. Dans la vie, je déteste les blagues, je n’aime pas le stand up. Le côté, “3,2,1, rires !”, j’ai horreur de ça, ça me panique. Je n’aime pas du tout quand le chemin est indiqué trop fortement.
Tu as commencé à faire de la télé vraiment très jeune, non ?
Vers 19 ans. Après l’équivalent du bac en Belgique, j’ai fait une année dans une école de théâtre, puis le conservatoire, que j’ai quitté pour jouer avec une troupe un peu obscure. A ce moment-là, j’ai été engagée par une chaîne commerciale pour une émission de musique pour ados. Il y avait Les Simpson dedans, on lançait des clips et on répondait au courrier des ados.
J’avais des couettes sur la tête. Le producteur avait dit à ma coanimatrice “Toi, tu seras la jolie” et à moi “Toi, tu seras la drôle”. Vu comment j’étais attifée, je n’avais pas d’autres choix que celui-là. Je ne pouvais plus du tout compter sur un quelconque attrait physique.
Etais-tu une jeune fille sûre d’elle physiquement ?
Plus tellement à ce moment-là. Plus jeune, je pouvais me raconter que j’étais un peu jolie. Mais après, je me suis dit “Non, pas tant que ça en fait, t’as dû te faire un délire personnel”. Vu l’endroit où on m’a mise, je me suis dit qu’il devait y avoir un souci. Mais bon, je me suis quand même amusée sur cette émission.
On était plongés dans un univers de pop commerciale qui n’était pas le mien, les Spice Girls étaient notre quotidien. L’émission était hyper populaire, une sorte de Club Dorothée, on sortait des disques tirés de l’émission. La fille qui la présentait avec moi sortait d’études en politique et était désespérée à la fin de chaque journée. Moi pas du tout.
Dans ma vie, j’ai rarement attendu l’étape d’après. Je fais avec ce qui est maintenant. Par exemple, des années plus tard, des gens m’ont dit comme si c’était un don du ciel : “Tu te rends compte ? Tu vas remplacer Benjamin Castaldi !”. Je me disais : “Ah bon ? C’est ça alors ce qui peut m’arriver de mieux dans la vie ?” (rires). Et en même temps, je pensais qu’il y avait moyen d’en faire un truc amusant, d’être la fille qui tire son épingle du jeu.
Quel souvenir gardes-tu de Nouvelle Star ?
Je crois que je débordais un peu le cadre. La production tenait beaucoup à sa dramaturgie. Il y avait un cahier des charges très précis. On me hurlait dans l’oreillette : “Ne fais pas d’humour ! Surtout pas d’humour !” L’émission fonctionnait grâce à une très grande prise au sérieux de ses rituels : il faut respecter les silences, le suspense, la compétition…
Mais bon, c’est pas possible de dire à quelqu’un : “Voilà les codes et maintenant tu les appliques”. J’ai cherché un petit espace à moi dans cette machine très en place. De toutes façons, si l’émission était bien, c’était davantage grâce à Julien Doré ou à d’autres artistes que grâce à la présentatrice. On s’en fout un peu de la personne qui dit “Tapez 2, tapez 3”.
Tout à l’heure, on parlait de féminisme, et sur ces questions l’univers de la télévision est vertigineux. Il faut que tu sois sexy, que tu portes une jupe courte. Mais si elle est trop courte, on te dit que la part de marché du public féminin va baisser. On cherche tout le temps l’endroit du plus grand nombre, l’intersection de tous les publics.
C’est à la fois épuisant et un peu intéressant. Et c’est pareil sur l’humour. On te fait comprendre qu’un humour un peu trop fort pourrait faire peur chez une fille, qu’il faut incarner de la douceur. Il y va de ta survie de ne surtout pas te plier à ça.
Quand tu as quitté la télévision pour le cinéma commercial français, ne t’es-tu pas retrouvée aussi dans des productions où tout était calibré, formaté par une logique de marché ?
Déjà, les comédies dans lesquelles j’ai débuté n’étaient pas à mon sens si stéréotypées. Et puis j’ai essayé d’être en mouvement, de ne pas m’enfermer. J’ai refusé certains films, notamment un, fabriqués pour marcher, parce que c’était trop loin de moi, que j’avais l’impression que j’allais m’ennuyer à mourir en les faisant. Et sans avoir en contrepartie des propositions d’Assayas, Desplechin ou Dumont.
Assayas, Desplechin, Dumont, c’est ton univers de cinéma en tant que spectatrice ?
J’adore Sils Maria (2014) et Trois souvenirs de ma jeunesse (2015) en tout cas. Mais je n’ai pas un seul univers de cinéma. J’aime des choses assez diversifiées.
Tu aimes beaucoup James L. Brooks, je crois, le réalisateur de comédies dramatiques comme Tendres passions (1983), Pour le pire et pour le meilleur (1997), Comment savoir (2010) ?
Ah oui, à fond ! J’ai même découvert récemment Spanglish (2004), un film de lui que je n’avais pas vu. Il arrive à synthétiser l’humanité contradictoire de chacun avec une phrase très simple. Ses films sont drôles, mais surtout très émouvants. C’est vraiment le cinéaste de la très grande croyance.
Le cinéma français a souvent peur de ça, d’y croire à fond. Le cinéma américain, pas du tout. Du coup, il y va avec la grosse cavalerie. James L. Brooks est à fond dans la croyance – dans la fiction, l’émotion, le premier degré – mais avec un doigté, un art de la nuance, d’une délicatesse inouïe. J’ai découvert son cinéma avec Comment savoir, et en plus de me bouleverser comme simple spectatrice, le film m’a aussi éclairée sur la façon d’orienter mes choix.
Comment savoir montre que le genre souvent déconsidéré de la comédie romantique peut produire de grands films. D’ailleurs, même avant, j’avais été très touchée par des comédies romantiques : Amour et amnésie (de Peter Segal, 2004), Le Come-Back (de Marc Lawrence, 2007)…
Ce sont deux films avec Drew Barrymore. Tu l’aimes beaucoup ?
Ah oui, carrément. J’adore les aspects un peu masculins de sa personnalité. Elle me séduit beaucoup. J’adore aussi Reese Witherspoon. La Revanche d’une blonde (2001), c’est vraiment irrésistible. Mais j’aime aussi des comédiennes françaises.
J’admire beaucoup Jeanne Moreau et par-dessus tout dans La Baie des anges de Jacques Demy (1962). J’adore ses chansons. Et puis il y a une actrice dont le simple fait qu’elle soit dans un film suscite en moi du désir, c’est Catherine Deneuve. Et au-delà de ses films, j’adore ses interviews, j’aime comment elle parle, j’admire sa curiosité.
Dans Caprice d’Emmanuel Mouret (2014), dans le stylisme de ton personnage, on pense d’ailleurs un peu à la Deneuve des années 1970…
Oui, c’est vrai que la coiffure imprimait ça et j’y ai un peu pensé aussi. Ça m’arrive souvent de me visualiser autre, de me projeter dans l’imagerie d’une autre actrice. Après, quand tu te regardes dans la glace, tu redescends sur terre (rires) mais c’est pas grave. Ça peut donner un truc intéressant à l’image. Justine m’avait fait voir quelques films pour préparer Victoria, comme Opening Night de Cassavetes (1978). Là encore, peu importe qu’il n’en reste pas grand-chose. Juste un petit dépôt, caché quelque part.
Tu parles beaucoup d’actrices. Quels acteurs ont aussi compté pour toi ?
(Silence) Hum, on devrait préparer les interviews en fait… Ça me fait penser à un débat à l’issue d’une avant-première de Victoria où une spectatrice a demandé à Justine quelles étaient ses références en matière de comédie. Justine a répondu : “Ah non, je refuse de répondre à cette question. J’ai l’impression de passer un examen. Ça m’angoisse !” (rires)
Bon, moi je vais répondre, même si ça ne vient pas aussi immédiatement que pour les actrices. J’adore James Stewart. C’est peut-être mon acteur préféré. Je suis très heureuse d’avoir tourné avec Depardieu, d’avoir passé du temps avec lui. Il peut parler de Spinoza et faire des blagues bien lourdes ensuite. Il passe sans arrêt de l’infiniment grand à l’infiniment petit. Il me fascinait. J’aime aussi beaucoup Will Ferrell, Benoît Poelvoorde.
En juin, Michel Houellebecq interviewait pour nous Benoît Poelvoorde et il lui disait qu’il y avait une absence de honte qui les différenciait des acteurs français, qui auraient toujours un peu peur du ridicule. Ça les rendrait finalement plus proches des acteurs américains. Qu’en penses-tu ?
Je comprends l’idée en tout cas. Il y a peut-être chez les acteurs belges une honte de départ qui permet de surmonter toutes les autres. Celle d’un tout petit pays qui a nourri un complexe par rapport à la France. En Belgique, tu dis le mot “carrière”, tout le monde est par terre de rire. Il n’y a même pas d’agents, ce serait assimilé à du proxénétisme (rires).
Toute idée de hiérarchie, de prise au sérieux de soi, est ruinée d’emblée. Quand je suis arrivée à Paris, que j’ai repris Nouvelle Star et que tout le monde s’agitait autour de moi comme si je prenais l’investiture des Etats-Unis, j’ai bien vu qu’en France, tout ça, la fonction, la position sociale, était vraiment très important.
Aujourd’hui, tu te vis comme une Parisienne ou une Belge à Paris ?
Je ne me suis jamais vraiment sentie belge sauf depuis que je vis à Paris. Il faut vraiment se déplacer pour se sentir une origine.
Qu’écoutes-tu comme musique ?
Beaucoup de choses bien sûr… J’adore Elliott Smith, Nick Drake… J’aime beaucoup Burt Bacharach, Dionne Warwick. J’adore Dalida. J’aime lire ses interviews, elle me passionne comme personne. J’écoute beaucoup de chanson italienne : Gino Paoli, Luigi Tenco, Patty Pravo, Lucio Battisti…
Beaucoup d’artistes que tu cites, Smith, Drake, Tenco, Dalida, se sont suicidés.
Ah c’est vrai. Pourtant, leur musique n’est pas seulement mélancolique. Dans les chansons d’Elliott Smith, il y a de la souffrance, quelque chose d’écorché mais j’y sens aussi la joie d’être au monde. Une sensualité proche du frôlement de peau.
C’est sûr que sa fin horrible – il s’est empalé sur un poignard dans sa salle de bains – jette une lumière sombre sur sa musique. Par ailleurs, j’ai développé dans ma vie privée une très grande patience avec les dépressifs. Il y a des gens qui ont peur que ça les contamine, moi pas du tout. Heureusement, mes meilleurs amis ne se sont pas tous tués.
Mais j’ai une familiarité avec certains chagrins profonds. Du coup, j’ai eu longtemps honte de ma joie, de mon aspiration à la légèreté. Elle s’assimilait à une forme d’inconscience, de néant. J’ai mis du temps à comprendre que la conscience et la légèreté n’étaient pas contradictoires et que c’était encore plus fort de les faire tenir ensemble.
Victoria de Justine Triet, avec Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud (Fr., 2016, 1 h 36), en salle le 14 septembre
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