La vie d’une microcommunauté plantée dans un terrain vague. Entre gravité et légèreté, un premier film attachant. Violetta reine de la moto est un film qui fonctionne en réseau : chaque personnage est un anneau de la trame, et tous se sont reconstruit un microcosme cohérent qui fonctionne en vase clos. Leur petit monde a […]
La vie d’une microcommunauté plantée dans un terrain vague. Entre gravité et légèreté, un premier film attachant.
Violetta reine de la moto est un film qui fonctionne en réseau : chaque personnage est un anneau de la trame, et tous se sont reconstruit un microcosme cohérent qui fonctionne en vase clos. Leur petit monde a pris racine sur un morceau de terrain vague, une sorte de décharge encombrée de ferraille et de carcasses de voitures, sur laquelle semblent avoir poussé la caravane des Kléber et la cabane en bois d’Adrien. Tous les éléments du terrain sont plantés là depuis des années, le lieu dégorge un passé qui a tout immobilisé autour de lui. C’était auparavant un garage, celui du père, un garage à présent abandonné, laissé en friche depuis sa mort. Le fils, Adrien, est resté sur place, il a fait son lit dans l’ancien bureau et n’en a plus bougé. Il se laisse couler entre la crasse et l’alcool. La vie n’émerge que du côté des Kléber, ces amis de la famille qui sont venus s’installer là, dans cette caravane qu’ils ont aménagée comme un petit pavillon de banlieue avec les fleurs en bac, la table et les chaises de jardin en plastique… Gravitent autour d’eux leur fils, Johnny, qui s’est engagé dans l’armée sur un coup de tête et la soeur de Kléber entourée d’amants d’un jour. Ils forment un ensemble de personnages à la lisière de l’extrême pauvreté, où chacun s’entraide et se soutient. L’atmosphère rappelle celle des films de Robert Guédiguian. Le ton du film n’est pas noir, le couple Kléber agit comme une musique rythmique, mêlant gravité et légèreté, l’humour bête et méchant d’Ernest Kléber (savoureusement interprété par Prévost) est associé à une solidarité sans faille.
Le décor planté, Amélie, la soeur d’Adrien, va faire son apparition. Partie à 17 ans, elle revient au bout de dix ans durant lesquels elle n’a donné aucun signe de vie. Son retour perturbe son frère plutôt qu’il ne le réjouit ; on comprendra au fur et à mesure que le frère et la soeur sont liés par un secret qui a sabré Adrien dix ans plus tôt. Pour provoquer un sursaut chez son frère, Amélie décide de reprendre un numéro créé par son père : « Violetta la reine de la moto ». Dans le hangar siège en effet une gigantesque sphère sorte de ventre de métal fabriquée pour ce numéro de voltige à moto. Tous vont alors partir sur les routes, voyage qui conduira Amélie et Adrien jusque dans l’antre de leur ennemi, Corneille, propriétaire d’un immense hangar transformé pour accueillir les spectacles de cirque à sensation. Violetta reine de la moto est un film de troupe où la comédie et le drame se chevauchent, s’abattant sur l’un et l’autre. Le réalisateur ne charge pas ses personnages, il les aime sans complaisance appuyée et a su tisser un lacis de sentiments et de caractères attachants.
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