Réalisé en 1989, Violent cop, le premier film de l’auteur de Sonatine, a la réputation d’un coup de maître. Kitano signe là une œuvre déjà personnelle, un film de genre « décalé », une mixture tragico-burlesque qu’il est proprement scandaleux de n’avoir pas découverte plus tôt. C’est à l’équipe d’HK Vidéo que l’on doit enfin sa diffusion. […]
Réalisé en 1989, Violent cop, le premier film de l’auteur de Sonatine, a la réputation d’un coup de maître. Kitano signe là une œuvre déjà personnelle, un film de genre « décalé », une mixture tragico-burlesque qu’il est proprement scandaleux de n’avoir pas découverte plus tôt. C’est à l’équipe d’HK Vidéo que l’on doit enfin sa diffusion. Les carences de l’industrie traditionnelle ont contraint les œuvres à trouver une nouvelle manière d’exister. Certains cinéastes importants existent désormais uniquement grâce à la vidéo, les festivals divers ou les rétrospectives de cinémathèques. La découverte récente de l’œuvre d’un Tsui Hark ne s’est pas faite par l’exploitation traditionnelle mais grâce à cette même collection de cassettes HK et à quelques événements ponctuels.
Violent cop invente dans le même élan un cinéaste et une figure, un corps inédit, un personnage inouï qui semble se nourrir des clichés cinématographiques pour mieux les dépasser. Azuma est un policier particulièrement teigneux. Il apparaît, au début du film, pour rouer de coups un adolescent qui vient de tabasser, pour rire, avec quelques copains, un clochard. Et dès les premières images, se met en place un univers d’une noirceur implacable, une vision de l’humanité d’un pessimisme foncier. Le flic, affublé d’un jeune et maladroit acolyte, va remonter une filière du trafic de drogue qui le mènera à un supérieur corrompu. Déjà, une alliance subtile de plans surcadrés, de travellings latéraux d’une grande fluidité, l’instauration d’un timing étrange, succession de lenteur et de brusquerie, une utilisation dédramatisée de la musique signalent des principes formels qui s’affirmeront dans les films suivants comme des effets de signature. La quête du héros se conclura par le triomphe du pire. Le film pourtant aura multiplié les images d’une familiarité qui semble nier l’idée de tragédie. Azuma (Kitano lui-même bien sûr) invente sous nos yeux une gestuelle à la fois brutale et dérisoire. Le coup de pied, la beigne, la torgnole, la baffe nerveuse ne relèvent pas de la rhétorique conventionnelle du film d’action mais plutôt d’une posture franchement comique. Kitano affirme, dès sa première œuvre, l’identité du rire et de la souffrance.
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