Docu-fleuve de Wiseman sur les femmes battues. Cette fois l’action, remarquablement filmée, se déroule essentiellement au tribunal.Encore une fois, c’est le monde à l’envers. Après la sortie en salle de la fiction peu satisfaisante de Fred Wiseman (La Dernière Lettre), on laisse au petit écran le soin de diffuser son dernier documentaire. On ne ferait […]
Docu-fleuve de Wiseman sur les femmes battues. Cette fois l’action, remarquablement filmée, se déroule essentiellement au tribunal.
Encore une fois, c’est le monde à l’envers. Après la sortie en salle de la fiction peu satisfaisante de Fred Wiseman (La Dernière Lettre), on laisse au petit écran le soin de diffuser son dernier documentaire. On ne ferait jamais ça à notre Raymond Depardon national, qui est pourtant un pur disciple de Wiseman. Passons. Voici donc la suite de Violences domestiques, présenté en 2003 sur Planète. Le premier volet montrait l’évolution de Wiseman sur la forme, un souci nouveau de mise en scène. Avant d’entrer dans le vif du sujet confessions de femmes battues et leur prise en charge dans un foyer , il débutait comme dans un thriller ou un reportage : la skyline et les gratte-ciel de Tampa (Floride), puis les quartiers white trash, les rondes des voitures de police et les interventions des agents chez des victimes parfois massacrées. Ensuite venait le temps de la parole dans le centre The Spring, véritable havre pour les victimes avec chambres et salles de classe. C’était déjà exhaustif et édifiant.
Mais Wiseman a décidé de revenir à la charge avec un second film de près de trois heures. Encore une fois, cela commence par une patrouille de police la nuit, qui recueille la déclaration d’une femme s’étant battue avec son compagnon. Selon elle, ils se sont juste un peu disputés. Mais l’homme est blessé. La femme sera emmenée par des flics appliquant la loi au pied de la lettre, après une discussion raisonnée et argumentée. Manière de dire que la frontière est mince entre la simple scène de ménage et la « violence domestique ». En fait, c’est essentiellement l’aspect judiciaire, délaissé dans le premier volet, qui intéresse ici le cinéaste. Il amorce la question en nous faisant assister à une sorte de procès de groupe : un juge traite à la chaîne une série de cas de brutalité conjugale. Chose étrange : les prévenus ne sont pas présents physiquement dans la salle du tribunal. Ils sont ailleurs, dans une autre pièce. On ne les verra que sur un écran de télé. En Amérique, on appelle ça la « video court ». Filmé par la caméra mobile de Wiseman, qui zoome comme jamais, le dispositif fonctionne étonnamment bien sur le petit écran. Le documentariste dynamite et dynamise les éternels champs-contrechamps des films de procès. Le processus acquiert un caractère hypnotique. On a rarement vu une telle fluidité du couple filmage/montage chez Wiseman, qui abandonne ici le plan-séquence mais pas la durée, clé de voûte de son cinéma opiniâtre.
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