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Pour la projection cannoise de The House That Jack Built (à ce propos, on en dit plus ici), Lars von Trier aurait demandé à Thierry Frémeaux que n’apparaisse pas le logo du festival au début du film. Histoire que les spectateurs s’immergent directement dans son cauchemar. À chaque fois, ses génériques sont une pénétration progressive vers les abysses, transformant les images en antre poisseuse.
Dans la vidéo qu’il réalise pour Blow Up, Alexandre Vuillaume-Tylski montre ainsi comment le nom du cinéaste danois (qui a ajouté le « von » à son patronyme en hommage à Eric Von Stroheim) est devenu un label. Loin de son Dogme 95 interdisant aux réalisateurs d’apparaître aux génériques, le nom de Lars von Trier, véritable signature de rock star, ouvre la plupart de ses films, forgeant sa légende d’artiste maudit.
Dans Breaking the Waves et Dancer in the Dark, il est même plus grand que le titre lui-même et trône derrière lui, comme une ombre blanche, roc imperturbable, prêt à déferler sur le monde. Les noms inscrits à la craie à même le plancher au début des Idiots, film davantage minimaliste et collectif, tranchent nettement avec cette marque de démiurge. Mais le sarcasme est toujours à l’affût. Cette écriture enfantine ne témoigne que d’un temps d’avant les déchirures.
Sous les auspices de Tarkovski, Bergman et Dreyer, les génériques de LVT sont imprégnés par ses humeurs du moment. Par leur intermédiaire, le cinéaste donne sa vision nihiliste et ironique d’un monde qu’il regarde courir à sa perte avec le sourire de celui qui, au fond, n’en attendait plus grand chose.
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