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Un film historique de Rohmer n’est jamais une pure reconstitution, c’est un trompe-l’œil, à l’image des toiles peintes qui lui servent de décor dans Perceval le Gallois. Les faits ne l’intéressent pas, ils ne sont que la surface sur laquelle viennent s’imprimer des motifs propres : le rapport du décor fixe aux corps mouvants, la contradiction entre un texte figé dans le passé et sa transposition en une chorégraphie. C’est cette lecture de l’histoire comme une fouille archéologique que nous permet de faire un épisode spécial de Blow Up consacré au rapport du réalisateur à l’histoire.
Car les fresques de Rohmer sont auto-réflexives, occasions soudaines de revenir sur l’histoire du cinéma elle-même, en incorporant par exemple des cartons du cinéma muet dans La Marquise d’O en 1976. Traces presque corporelles du passé, anachroniques pour le spectateur mais pleine de sens pour des personnages qui peuvent ainsi respirer le temps du carton.
Autre grand trope du cinéma de Rohmer exploré dans ses films historiques: la parole comme une musicalité qui a conservé la désuétude apparente de l’époque à laquelle elle appartient. L’amour de la phrase rejoint alors la vérité de ce qu’étaient les amours contrariés d’une bergère et d’un noble au Ve siècle dans Les Amours d’Astrée et Céladon, comme si seuls les mots et la diction permettaient de toucher du doigt une justesse historique.
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