Après Y aura-t-il de la neige à Noël ?, le singulier talent de Sandrine Veysset continue de briller par éclats. Avec ce second film, Sandrine Veysset décline à nouveau ses thèmes et figures de prédilection, ceux qui avaient fait le succès surprise de Y aura-t-il de la neige à Noël ? : la décomposition et […]
Après Y aura-t-il de la neige à Noël ?, le singulier talent de Sandrine Veysset continue de briller par éclats.
Avec ce second film, Sandrine Veysset décline à nouveau ses thèmes et figures de prédilection, ceux qui avaient fait le succès surprise de Y aura-t-il de la neige à Noël ? : la décomposition et recomposition de la famille, l’enfance, la femme et le patriarcat, le mélange curieux entre un naturalisme brut et un onirisme léger de conte cruel, la neige qui tombe à Noël. L’argument est simple : Victor fuit un soir le domicile parental et trouve refuge chez Triche, une prostituée solitaire. Le film sera l’histoire de la fusion progressive de ces deux solitudes, de ces deux désirs complémentaires (celui de retrouver une famille pour Victor, celui de maternité pour Triche). Mais, pour ne pas se répéter, la cinéaste a plongé ses obsessions dans un contexte opposé à celui du premier film. Là où Y aura-t-il… mettait en scène une famille nombreuse dans l’espace ouvert d’un milieu rural et baignait majoritairement dans la lumière du jour et des saisons, Victor… est un film de nuit, concentré sur deux personnages et largement confiné dans les intérieurs d’un appartement en milieu urbain.
Ainsi, d’un film à l’autre, Sandrine Veysset a tenté une opération à la fois de resserrement, d’approfondissement et de variation dans la continuité. Pourtant, ce second film fonctionne infiniment moins bien que le précédent. Dans Y aura-t-il…, la marmaille nombreuse créait du mouvement, de la circulation, des possibilités multiples, un désordre stimulant pour l’oeil du spectateur. Le tournage en extérieur et la lumière naturelle renforçaient le sentiment de réel (avec ses accidents) offert au spectateur, de matériau vierge à découvrir au fur et à mesure du film. Dans Victor… au contraire, le resserrement sur deux ou trois personnages et dans des lieux confinés donne le sentiment d’un univers plus fermé et, surtout, plus figé : Y aura-t-il…, film constamment aux aguets, semblait surgir du mouvement de la vie, alors que Victor… paraît dérouler un univers déjà posé.
Mais le plus grand problème, c’est que tout ce qui relevait auparavant du domaine du non-dit est ici trop clairement formulé par le scénario, voire énoncé directement dans les dialogues (la scène du passé de Triche). Dans Y aura-t-il…, le discours était tramé dans l’histoire, le mouvement et les plans ; dans Victor…, l’écrit et l’idée prennent le pas sur le cinéma. Reste que le talent singulier de Veysset ne s’est pas totalement évaporé : on le retrouve ici dans son sens du casting (Lydia Andréi est une actrice à revoir rapidement) et dans sa façon de faire affleurer la poésie dans le quotidien le plus prosaïque les séquences de fête foraine notamment (surtout sous la neige) sont magnifiques par leur mélange de tristesse et de merveilleux enfantin.
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