Veillées d’armes – histoire du journalisme en temps de guerrede Marcel Ophuls(Arte Vidéo, 3 h 53, 1994)L’immense talent de filmeur et d’intervieweur de Marcel Ophuls dans ce documentaire consacré aux correspondants de guerre.LE FILM Tourné en 1993, en plein conflit bosniaque, ce long documentaire de Marcel Ophuls (qui avait pour assistants Laurent Cantet – Ressources […]
Veillées d’armes – histoire du journalisme en temps de guerre
de Marcel Ophuls
(Arte Vidéo, 3 h 53, 1994)
L’immense talent de filmeur et d’intervieweur de Marcel Ophuls dans ce documentaire consacré aux correspondants de guerre.
LE FILM Tourné en 1993, en plein conflit bosniaque, ce long documentaire de Marcel Ophuls (qui avait pour assistants Laurent Cantet – Ressources humaines – et Dominik Moll – Harry, un ami qui vous veut du bien…) se penche sur le métier de correspondant de guerre. A Sarajevo et dans les campagnes alentour, le cinéaste filme et interroge admirablement (Ophuls est un immense intervieweur, comme son classique Le Chagrin et la Pitié l’attestait dès 1969) des journalistes de presse et de télé (Martine Laroche-Joubert de France 2, PPDA de TF1, John Burns du New York Times, etc…), ainsi que les acteurs politiques de premier rang, comme le dirigeant serbe Milosevic. Outre le fait qu’il analyse méticuleusement leurs pratiques professionnelles « sur le terrain », limité parfois à une simple chambre d’hôtel du Holiday Inn au centre de Sarajevo, Ophuls livre surtout un essai sur les bégaiements de l’histoire en reliant la guerre en ex-Yougoslavie au destin du continent européen. Ce travail de « liaison » entre présent et passé s’opère dans la forme même de son film, très libre et ouverte, qui s’autorise à mettre en relation documentaire et fiction, en collant à ses images de Sarajevo des extraits de comédies américaines ou de son père Max. Aux Marx Brothers, à Laurence Olivier, Edwige Feuillère ou Danielle Darrieux se mêlent les visages des reporters, mais aussi celui du cinéaste, sans cesse présent à l’écran, assumant ouvertement sa part d’afféterie pour mieux rappeler que le récit, fût-il l’enregistrement d’un réel immédiat, n’est que le produit de ses choix de mise en scène et de montage.
En mêlant à l’acuité de son regard politique le goût de l’ironie et du paradoxe, en s’adonnant aux permanentes associations d’idées, qui fusent chez lui, Ophuls prend le risque de désarçonner le spectateur. C’est pourtant dans cette apparente confusion de registres d’images et de discours que ressort la grandeur de ce film, documenté et analytique, euphorique et tragique à la fois, comme l’histoire, dont Ophuls s’est toujours fait le témoin lucide et amusé.
LE DVD Dans un passionnant entretien avec François Niney, Marcel Ophuls, qui n’a pas travaillé depuis l’échec commercial de ce film, avoue tout ce qu’il doit à Capra et Lubitsch, et se révolte contre le puritanisme antihollywoodien fréquent chez les documentaristes qui font religion de la vérité. Or, Hitchcock n’est pas un menteur, insiste-t-il, en reconnaissant qu’il aurait préféré être un cinéaste de fiction, dans la lignée de son père et des maîtres américains.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}