Le duo comique du Palmashow voyage en France occupée, dans un ambitieux mais hélas faible transfert au grand écran.
Le premier long du Palmashow – duo de comédie formé par Grégoire Ludig et David Marsais depuis une petite dizaine d’années, officiant entre télé, scène et Dailymotion – voudrait être trois choses à la fois. D’abord, ce que les deux comédiens savent a priori faire le mieux (du moins ce dont ils ont le plus l’habitude), soit une enfilade de sketches rassemblant une ribambelle de guests glanés à toutes les strates du comedy game français.
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Ensuite, étape obligée quoique convenue pour toute conversion au cinéma de ce type, une fable morale alourdie d’un peu de gravité, avec des héros qui affichent leurs faiblesses, défont leur habit de clown, etc.
Enfin, et c’est plus inattendu, une sorte d’album de Tintin, avec un goût du voyage, une candeur, un esprit picaresque.
Totalement factice et emprunté
C’est beaucoup pour un tandem rompu à la shortcom, et qui justement poursuit ces nouvelles ambitions sans pour autant vouloir quitter sa zone de confort : tout doit tenir à l’intérieur d’une mise en scène de téloche, outrée, contrefaite et sentencieuse. Difficile de vraiment trouver de quoi rire face à cet énième usage de la Seconde Guerre mondiale comme toile de fond comique prête à l’emploi, avec sa galerie d’archétypes éculés (le bureaucrate vichyste, le collabo zélé, la pasionaria résistante, etc.), dont le film tire un caractère totalement factice et emprunté.
Difficile aussi de ne pas hausser le sourcil à la vue des trop nombreuses facilités que s’accordent Ludig et Marsais, comédiens tout à fait sympathiques mais dont la quasi totalité des idées se voient venir à des kilomètres (il y a bien sûr des exceptions, toute mauvaise comédie recelant au moins une bonne scène : ici, une pub pour la milice où M. Poulpe parodie Olivier de Carglass).
Sans jamais donner l’impression d’y croire, les gars du Palmashow font du vieux avec du vieux : la comédie potache fait moins figure d’authentique passion que de cache-misère, répertoire facile d’accès et fédérateur ; de même, l’époque leur fournit une (mauvaise) excuse pour verser dans un humour macho d’un autre âge, avec une galerie de personnages féminins affligeants, tombant systématiquement en pâmoison devant les héros sans vraiment que cela se justifie d’un point de vue comique ou narratif.
Papy fait de la résistance
Il n’y a ni joie, ni entrain dans ce film que même les auteurs ne semblent pas trouver très drôle . Le succès a beau être au rendez-vous (déjà un demi-million de spectateurs en une semaine d’exploitation), on ne peut s’empêcher de voir là le crépuscule d’un certain comique troupier à la française, registre qui, à l’instar du Papy dans l’héritage duquel il s’inscrit clairement, fait donc de la résistance – lui qui ferait mieux de capituler, pour reconstruire sur de nouvelles bases, et pratiquer un humour de son temps.
La Folle Histoire de Max et Léon de Jonathan Barré (Fr., 2016, 1 h 38)
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