Première série française contemporaine sur le mythe des suceurs de sang, Vampires brille plus grâce à son casting exceptionnel que par les clichés qui collent aux baskets de séries françaises produites par le géant du streaming.
C’est l’époque des premières fois. Première fois, par exemple, qu’une série française contemporaine s’attaque au mythe des vampires, dans un monde où quasiment chaque pays a eu sa version. L’idée trottait depuis un certain temps chez Netflix d’adapter le dernier roman inachevé (et posthume) du grand Thierry Jonquet. C’est le showrunner Benjamin Dupas (Vernon Subutex, Dix Pour Cent, Kaboul Kitchen, Un Village français) et Isaure Pisani-Ferry qui ont finalement hérité du sujet, en reprenant les bases posées par l’auteur de polar : un ancrage réaliste dans la France d’aujourd’hui. Soit l’histoire d’une famille de vampires à Belleville, les Radescu, vivant clandestinement comme des rebuts, dans une société discriminante et même dangereuse pour eux.
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Toute ressemblance avec le pays que nous connaissons bien est évidemment volontaire, même si Vampires n’a pas la force d’évocation politique et sociale que l’on pourrait espérer. Il s’agit avant tout d’un récit familial agité et baroque, où les questions basiques de survie prennent toute la place. Et quoi de mieux, pour aborder ces questions, que de mettre sur un piédestal un personnage en pleine mutation intérieure ? L’intéressée s’appelle Doïna, c’est l’ado de la famille Radescu. Elle fait face peu à peu à sa nature hybride de femme et de vampire. Oulaya Amamra (César du Meilleur espoir féminin pour son rôle dans Divines) se montre assez bluffante dans ce rôle de jeune héroïne post-Buffy en pleine montée désirante, prenant conscience de ses capacités au-dessus de la moyenne. Elle respire un peu plus vite à chaque minute qui passe. Elle se découvre un corps. On peut suivre la série d’abord pour elle, sa manière à la fois vorace et fragile d’avancer dans les scènes.
Un couple électrique
Le couple que forme Doïna avec un copain de lycée (joué par l’incroyable Dylan Robert, également césarisé pour son rôle dans Shéhérazade) vaut à lui seul le détour. Quelque chose d’électrique envahit les moments où les deux se croisent, une spontanéité qui parfois contraste avec les ficelles moins subtiles du scénario. Et laisse à Vladimir de Fontenay et Marie Monge – qui réalisent les six épisodes par blocs de trois – une certaine liberté d’expression bienvenue.
Vampires n’évite pas les clichés et les raccourcis propres à certaines tentatives françaises venues de Netflix, donnant à certains moments l’impression de n’avoir pas assez maturé. Elle n’arrive pas non plus à tirer vraiment parti visuellement de son univers horrifique et too much, à base de sang et de paysages urbains pop. C’est vraiment par le casting que les images frétillent et intriguent. Outre Oulaya Amamra et Dylan Robert, la série peut compter sur Suzanne Clément (Mommy) en mère de famille hantée, Kate Moran (Un couteau dans le cœur) en vampire éternellement mélancolique, ou encore sur l’excellent Aliocha Schneider, aux multiples cordes à son arc. Eric Rochant a souvent expliqué que selon lui, les acteur.trice.s de séries devaient avoir une qualité, avant toute autre considération : susciter le désir de les regarder pendant longtemps. C’est le cas de ces vampires parisiens bigarrés. Une partie du contrat est remplie.
Vampires, sur Netflix
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