Après une année 2017 désastreuse qui semblait annoncer la fin du règne de la salle de cinéma, De « Black Panther » à « Mission impossible Fallout », le box-office américain a retrouvé tout son éclat en 2018.
Décembre 2017, le futur de la salle de cinéma telle que nous l’avions toujours connu paraissait bien trouble. L’irrésistible triomphe de Netflix et d’Amazon d’un côté, une fréquentation en baisse au box-office américain, marquée notamment par un été désastreux, soulevait une question majeure : l’écran de cinéma peut-il disparaître au profit d’une lecture en continu sur celui d’un d’ordinateur ou d’une tablette ? Un an plus tard, le soleil est de retour à Hollywood : les sourires se dessinent sur les visages des exploitants et des studios qui viennent de clôturer une année 2018 record avec un hausse de 4% de spectateurs dans les salles. Comment alors, sommes-nous passés d’une prétendue mort du cinéma à une résurrection éclatante ?
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Le règne écrasant de Disney
Une bonne partie de la réponse est détenue par un nom : Disney. Avec à ce jour 11,383 milliards de dollars de recettes, le studio monopolise à lui seul 26 % des chiffres du box-office américain de 2018. Un score hallucinant qui dépasse tout juste le précédent record conquis par Disney en 2016 (11,382 milliards de dollars). C’est simple, sur les 10 films les plus rentables de l’année aux US, la moitié a été produite par le studio de Mickey. Constitué de Black Panther (700,059,566 $), Avengers Infinity War (678,815,482$) et Les Indestructibles 2 (608,581,744 $), le podium est lui exclusivement partagé par des films Disney. Le règne écrasant du studio peut se décliner par de multiples autres chiffres. Infinity War et Indestructibles 2 se sont par exemple emparés respectivement du trophée du meilleur démarrage de tous les temps et du meilleur démarrage pour un film d’animation.
Les autres plus gros succès de l’année :
4/ Jurassic World Fallen Kingdom (Universal): 416,769,345 $
5/ Deadpool 2 (Fox): 318,491,426 $
6/ Le Grinch (Universal) : 257,900,050 $
7/ Mission Impossible Fallout (Paramount) : 220,159,104 $
8/ Ant-Man et la Guêpe (Disney) : 216,648,740 $
9/ Solo A Star Wars Story (Disney) : 213,767,512 $
10/ Venom (Sony) : 213,030,843 $
Des choix de production appréciés par le public
Ce qui chaque année est un peu plus frappant, c’est l’inclination du public pour les films de super-héros (6 dans le top 10) et les franchises. Seul un film du top 10 (Le Grinch) est une production originale non issue d’un univers étendu ou faisant suite à un précédent film. Ce phénomène est d’autant plus intéressant qu’il contredit de nombreuses analyses de 2017 qui pour expliquer le bilan catastrophique de l’année avaient pointé du doigt le trop plein de franchises et le manque de nouvel univers dans l’industrie cinématographique.
Une autre explication des excellents résultats de 2018 semble se trouver dans l’apparition d’une gamme plus diversifiée de héros à l’écran des grosses productions (Black Panther, Crazy Rich Asians et Ocean’s 8) et à laquelle les spectateurs issus d’un large panel de minorités peuvent s’identifier. On peut aussi constater un bouleversement dans le calendrier des sorties cinéma qui paraissent moins balisées qu’auparavant. Au lieu de placer les sorties de leurs superproductions exclusivement sur la période estivale ou pendant les vacances, les studios les répartissent tout au long de l’année. Cela se constate directement dans la liste des 10 plus gros succès de l’année dont les sorties sont intervenues quasiment toutes à des mois différents : février (Black Panther), avril (Infinity War), mai (Solo, Deadpool 2), juin (Jurassic World 2, Les Indestructibles 2), juillet (Ant-Man 2), août (Mission Impossible 6), octobre (Venom) et novembre (Le Grinch). A titre de comparaison, la date de sortie des 10 plus gros succès de 2008 était répartie sur seulement cinq mois (mars, mai, juin, juillet, novembre).
Des craintes toujours présentes
Si les chiffres suscitent l’enthousiasme de l’industrie, ils ne dissimulent pourtant pas une réalité plus contrastée. L’une des premières grandes craintes que l’on peut avoir a déjà été évoquée quelques lignes plus haut. C’est celle d’une dépendance totale d’Hollywood à Disney. Après un année terrassante, le studio déjà armé de Marvel, Pixar et Lucasfilm, sera assurément encore plus fort et inatteignable en 2019 après le rachat d’une grande partie des actifs de la Fox. Une position qui lui donnera encore plus de poids lors de la négociation avec les cinémas de la répartition des revenus et de l’accès aux écrans, au dépens d’un grand nombre de productions concurrentes.
Il y a aussi des raisons de craindre que le secteur cinématographique reste trop dépendant d’une poignée de genres et de franchises. Le problème ici, ce n’est pas le soit disant manque d’originalité et de renouvellement souvent décriés lorsqu’on évoque ces oeuvres, car cette question n’est que subjective (nous avons vu, pour notre part, plus d’audace artistique dans le dernier Mission Impossible et le dernier Jurassic World que dans beaucoup de superproductions dites originales sorties cette année).
Ce qu’on remarque, en revanche, c’est que le développement de ces franchises et de ces suites devient de plus en plus long et couteux. Ces dernières n’ont alors plus vraiment de marges d’erreur au moment de leur sortie en salle et doivent absolument réaliser un immense carton si elles veulent satisfaire les attentes budgétaires. Ainsi, même Solo: A Star Wars Story, 9ème plus gros succès aux US avec plus de 200 millions de dollars récoltés s’est avéré être un échec pour Disney. On parla même d’un flop. Ce nouveau phénomène de quitte ou double rend chaque production, extrêmement fragile et contraint les studios à éviter une trop grande prise de risques. Après une année 2017 difficile, Hollywood va donc peut être mieux, mais n’est certainement pas guéri.
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