Premier film de Catherine Breillat tourné en 1976, inspiré de son roman Le soupirail sorti quelques mois plus tôt, Une vraie jeune fille contient déjà toute l’œuvre à venir de la réalisatrice, génial brouillon bouillonnant de son Romance de l’an passéSi Romance a été accepté, c’est bien que son film-jumeau tourné en 1976 et jamais […]
Premier film de Catherine Breillat tourné en 1976, inspiré de son roman Le soupirail sorti quelques mois plus tôt, Une vraie jeune fille contient déjà toute l’œuvre à venir de la réalisatrice, génial brouillon bouillonnant de son Romance de l’an passé
Si Romance a été accepté, c’est bien que son film-jumeau tourné en 1976 et jamais sorti en salles, son génial brouillon bouillonnant, est enfin prêt à exploser au grand jour. C’est une histoire de ressassement. Alice souffre tant de n’être regardée et désirée par personne qu’elle devient son propre spectacle. Comme tous les grands cinéastes de la cruauté (Stroheim, Bu&numl;uel), Breillat filme cette errance empêchée par le frottement même des cuisses dans un mélange assez inouï de typage primaire (les parents sont gratinés) et de naturalisme qui tourne au clinique dans la description des dispositifs onaniques (le coup de la petite cuillère) et des sécrétions diverses et variées (cérumen compris). Mais cette description sans fard ni cache de l’autoexploration corporelle s’accompagne d’un anti-naturalisme violent, dû à la fois aux conditions de production (film muet entièrement sonorisé après tournage) et à l’établissement à tâtons du système de représentation breillatien : fantasmes objectifs saisis dans une lumière la plus crue possible, frontalité quasi-théâtrale qui aspire le regard tout en donnant envie de détourner les yeux, et travail d’une infinie précision sur les archétypes sexuels et l’écume la plus clinquante d’une époque donnée (ici la fin des sixties, avec la télé et la variétoche à fond). Le résultat est un mélange explosif qui tend à repousser les limites trop admises de ce que le cinéma est capable de donner à voir. Voir dit-elle.
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