Face au drame du surendettement, une famille se débat avec énergie pour s’en sortir. Un film de lutte, sec et tendu.
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Yann et Nadia tombent amoureux, il est cuisinier, elle élève seule un garçon, ils rêvent de monter leur restaurant. Cette mise en place avance rapidement, sans chichis, plaçant le film dans un élan sec et tendu.
Les tourtereaux contractent des emprunts, mettent en chantier leur petite entreprise. Un rêve prend forme, se matérialise littéralement sous nos yeux.
Des erreurs dans les travaux, une autorisation administrative qui tarde, et c’est l’engrenage du surendettement qui se met en branle. Pris au piège, Nadia, Yann et le petit vont devoir lutter ou tomber.
Une vie meilleure fait bien sûr écho à la crise et à son lot de drames. Mais sa force vive consiste à ne jamais présenter ses personnages comme des victimes, d’en faire des combattants du quotidien.
Peu porté sur le compassionnel, Cédric Kahn ne surplombe pas ses personnages et règle sa mise en scène à leur niveau, collant sa caméra à leurs problèmes. Prenant appui sur un contexte social fort, Une vie meilleure est filmé et rythmé comme un film d’action, un thriller de survie : rebondissements, personnages toujours en mouvement, imbrication entre le social (problèmes de travail et d’argent) et l’intime (déchirement du couple, relation entre l’adulte et l’enfant…).
Tout entier tenaillé par des questions de récit (comment stopper la chute ? comment échapper aux mâchoires des créanciers ? quid du couple ?) et par la pulsation de sa dramaturgie, Cédric Kahn ne ménage aucune place à l’apitoiement, à la dénonciation, au simplisme, injecte au contraire de la complexité (loi contre justice ?), laissant au spectateur la liberté d’analyser le destin des personnages, ce qu’il dit de notre époque.
Lutter ou tomber, c’est aussi le la de sa mise en scène, plus proche de la morale des Dardenne que de la moraline de Lioret.
Le bel équilibre entre “cinéma grand public” et reflet de l’âpreté de nos temps est résumé par son casting. Deux stars, Guillaume Canet et Leïla Bekhti, qui font oublier leur célébrité pour être Yann et Nadia, avec ce talent suprême qui consiste à rendre le travail d’acteur invisible.
Entre eux, Slimane Khettabi, gamin qui imprègne le film d’une belle énergie brute, une présence sauvageonne qui rappelle que le cinéma de Kahn a souvent reposé sur des “natures” non domestiquées (Marc Vidal dans Bar des rails, Estelle Perron ou Malek Bechar dans Trop de bonheur…).
On est heureux de retrouver Cédric Kahn dans sa meilleure vis, celle d’un cinéma âpre, vif, mat, pieds dans le réel et tête dans la fiction, qui fit de lui un héritier possible de Maurice Pialat.
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