Revenu à un film plus scénarisé que ses derniers opus, Terrence Malick déballe lourdemant l’histoire d’un objecteur de conscience durant la Seconde Guerre mondiale.
S’il va de soi qu’on ne peut reprocher à un cinéaste sa descendance, il en va peut-être différemment avec Terrence Malick, dont le système esthetico-philosophique contient depuis longtemps les germes de sa récupération par tout ce que l’univers compte de pubards pseudo-flamboyants.
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https://www.youtube.com/watch?v=HWC4dVB8n1s
C’est que ce système, d’une grande cohérence (c’est indéniable), est tout entier tourné vers l’émerveillement de pacotille et l’épiphanie de supermarché (rayon bio), en parfaite cohésion, malgré son esprit de sérieux et sa pompe visuelle, avec ce que l’air du temps a de plus inoffensif.
Un coup d’épée dans l’eau
Il s’agit, en l’occurrence, de décrire la résistance à bas bruit (c’est le sens du titre) d’un objecteur de conscience autrichien (ayant vraiment existé), qui refusa pendant la Seconde Guerre mondiale, de s’engager dans l’armée nazie, et en paya chèrement le prix. Une vie cachée fait ainsi l’éloge de cet absolutiste qui, au nom de sa foi chrétienne, renonça à sa femme, à sa fille, à sa ferme, et à la beauté du monde sensible, au profit d’un très hypothétique au-delà. Il y a chez lui quelque chose du missionnaire relou du Silence de Scorsese, mais sans la complexité politique (et le contrechamp japonais) qui en faisait malgré tout, in fine, un personnage captivant.
Ici au contraire, tout est vaseux, creux, à sens unique, parfaitement soluble dans le discours neuneu-age (prononcer à l’allemande : niou) qui voudrait nous faire croire que ce genre de petite rébellion contre l’ordre mauvais a la moindre importance, le moindre impact. Sauver son âme pour sauver le monde ? Mais bien sûr.
Alors oui, certes, Malick sait toujours filmer (même sans son chef op Emmanuel Lubezki) des champs ; des montagnes ; des ruisseaux ; des arbres ; des fleurs (bel herbier). Mais au fond qu’en montre-t-il, si ce n’est l’écume banalisée et aseptisée par tous les vendeurs de yaourts ? Il y a huit ans, dans The Tree of Life, cette esthétique de ravi de la crèche pouvait encore faire illusion ; aujourd’hui, elle apparaît tout juste bonne à comparer en magasin la chromie des téléviseurs ultra HD.
Une vie cachée de Terrence Malick, avec August Diehl, Valerie Pachner, Maria Simon (E-U, Allemagne, 2019, 2h53)
Sélection officielle, compétition
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