Un couple affronte la disparition de son fils. Une chronique du deuil travaillée par un humour étrange et détonant.
Une semaine après l’étrange et ultraformaliste Tikkoun, quelques semaines avant le superbe Mountain, Une semaine et un jour vient démontrer la créativité, la tonicité et la diversité du cinéma israélien. Si Tikkoun et Mountain explorent les doutes au sein de la communauté ultrareligieuse – côté métaphysique pour le premier, plus prosaïque pour le second –, Une semaine et un jour se consacre à une famille davantage dans la norme, à la fois pratiquante et laïque ; une famille réduite à un couple de quadras qui vient de perdre son fils.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le film d’Asaph Polonsky (son premier long métrage) nous les présente le premier jour après la semaine de shiv’ah, les sept jours traditionnels de deuil. Alors que Vicky se consacre à ses tâches quotidiennes, Eyal ne reprend pas son travail. Il ne semble pas non plus particulièrement affecté. Son comportement est plutôt étrange, erratique. Il commence par virer ses voisins venus présenter leurs condoléances en les insultant. Puis il noue une relation avec leur fils qui était le copain de son propre fils défunt.
Naît entre eux une curieuse amitié buissonnière, régressive, à base de joints et de procrastination, comme si Eyal avait besoin de ce sas de lâcher-prise pour pouvoir reprendre pied dans la vraie vie – ou pas. Vicky encaisse avec un mélange d’étonnement et d’indulgence.
Auguste et clown blanc
Une semaine et un jour est une comédie grinçante où le pathos est tenu à distance par l’humour absurde et le décalage poétique, où le rire est souvent indécidable dans le contexte de la perte d’un enfant. Polonsky imprime constamment cette tonalité intermédiaire où l’on ne sait pas toujours s’il faut s’esclaffer ou pas, rappelant un peu A Serious Man des frères Coen.
Eyal incarne bien cet entre-deux dérangeant de comique à rebrousse-poil : on éprouve de l’empathie par rapport à sa situation de deuil et, en même temps, il n’est pas franchement sympathique. Eyal est joué par Shai Avivi qui est, paraît-il, un fameux acteur de stand-up en Israël, alors que sa partenaire, Evgenia Dodina, est plutôt connue pour ses rôles dramatiques. Comme si Polonsky avait marié les contraires, selon la tradition de l’auguste et du clown blanc qui fait les bons duos de comédie.
Rire de la mort est une entreprise aussi difficile que nécessaire, et Polonsky s’acquitte de cette désacralisation du deuil avec une alacrité inégale mais revigorante quand elle fait mouche.
Une semaine et un jour d’Asaph Polonsky (Isr., 2016, 1 h 38)
{"type":"Banniere-Basse"}