Asia Argento était à Paris samedi 20 janvier pour présenter Scarlet Diva à l’occasion d’une nuit en son honneur au Cinéma Saint-Germain-des-Prés. Récit de cette soirée et propos rapportés de la réalisatrice.
Lors de cette soirée furent également montrés le génial Syndrome de Stendhal et le raté Fantôme de l’opéra. Alors qu’un premier débat avec le public dans cette même salle il y a quelques mois avait été pour le moins houleux (un spectateur avait méchamment interpellé une Asia éméchée qui avait pris la fuite en pleurant), cette nouvelle rencontre avec le public fut particulièrement chaleureuse.
Beaucoup d’admirateurs transis dans la salle, et un premier rang de jeunes filles blondes tout droit sorties de Virgin Suicides.
Lors de la conversation qui suivit la projection du film, Asia, accompagnée de sa copine et actrice Vera Gemma, a apporté de précieuses informations sur ses intentions et l’élaboration de Scarlet Diva, véritable « film de travail », sur son image bien sûr, mais aussi travail de deuil sur toute une partie de sa vie. Asia fredonne une petite chanson en italien, avant de répondre aux questions de la salle.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Morceaux choisis :
« J’ai choisi de parler de moi tout naturellement dans mon premier film. J’ai longtemps été inhibée, introvertie et repliée sur moi-même. Il fallait que je réalise un film autobiographique et narcissique pour pouvoir ensuite passer à autre chose. »
« J’ai tourné le film en DV pour trois raisons : d’abord pour des questions financières, car cela revient évidemment moins cher; ensuite parce qu’une petite caméra DV convient au projet du film, elle permet de s’approcher de l’intimité des êtres que l’on filme. J’avais également envie de faire un film en réaction contre des films italiens actuels, à l’exception de ceux de mon père. Ce sont pour la plupart des films bourgeois à gros budget, destinés au marché international, comme ceux de Tornatore, tournés en 35 mm avec une profusion de travellings et d’effets ostentatoires, qui me dégoûtent. »
« Je n’ai pas voulu parler de mon père dans le film. Pour la simple raison que mon père n’était pas à la maison quand j’étais petite. Je n’ai pas de souvenir d’enfance avec lui. Quand Dario est entré dans ma vie, c’est plus tard, lorsque j’ai joué dans ses films. Mon père représente ce qu’il y a de plus beau dans mon existence, et je n’avais pas envie de le mêler aux personnages de Scarlet Diva, qui montrent la face sombre ou détestable du monde du cinéma. Je voulais le préserver. »
« Je considère que Scarlet Diva est davantage un film onirique, voire psychédélique, qu’un film fantastique. La comparaison avec les films de Dario était trop écrasante, et d’ailleurs tout le monde a remarqué les lumières rouges et bleus de certaines scènes qui rappellent celles de Suspiria et d’Inferno. »
« C’est mon père qui m’a incité à réaliser Scarlet Diva. Alors que je travaillais sur un projet de film, adapté d’une nouvelle de Marcel Schwob, il est tombé sur le journal que j’écrivais et il y a perçu la matière d’un film, et d’un personnage de cinéma. »
« Dario a produit le film, mais je lui demandé de ne pas être présent sur le tournage. Il est généralement très interventionniste sur les films qu’il produit, mais il a très bien compris et m’a laissé faire mon film en toute liberté. Notre seul désaccord concernait la fin. Je voulais une fin ouverte, alors que Dario voulait une fin plus explicative, plus américaine, qui me montrait tenant mon enfant dans les bras. Nous nous sommes disputés au point que j’ai consenti à tourner cette scène. Mais devant le résultat, il a fini par s’incliner et admettre que j’avais raison. C’est ma fin qui a été conservé dans le film. Mis à part ce gros désaccord, il n’aimait pas beaucoup non plus l’image de la vieille femme en train de se faire baiser par un chien. »
« En ce qui concerne ma mère, elle a accepté de jouer dans mon film sans me poser de questions. J’ai la chance d’avoir des parents formidables qui ne m’ont jamais jugé et m’ont toujours fait confiance. Il est clair que dans ce film j’éprouve le besoin de tuer symboliquement ma mère, pour pouvoir devenir mère à mon tour. »
« Aujourd’hui je suis enceinte et je vais m’arrêter de tourner pendant un moment. J’ai décidé de profiter de cette interruption pour me remettre à l’écriture. »
Certaines femmes sont belles comme le jour, Asia est belle comme la nuit.
{"type":"Banniere-Basse"}