Coline Abert filme un personnage complexe et attachant, obsédé par cette question : comment mettre en scène son ultime représentation ?
Vince, drag-queen emblématique de La Nouvelle-Orléans, y a fondé sa propre école et souhaite, après trente ans de carrière, monter un dernier grand show à Paris pour tirer sa révérence, dire adieu à son mythique personnage, Lady Vinsantos. Premier long métrage de Coline Abert, Last Dance est le portrait d’un chef de bande vulnérable pris de doutes profonds sur son rapport à la scène, toujours un peu triste mais qui donne le change avec charme. Cette question qui l’obsède donne au film sa trajectoire : comment mettre en scène une dernière représentation ?
Créateur mélancolique à la fois enivré du monde du spectacle et désabusé par son emprise, il devient un sujet fascinant parce qu’instable, en bouillonnement et en doute constants, donnant au film cette forme excitante de laboratoire intime, vibrant au plus près des visages qui portent les traces indistinctement mêlées du monde des artifices et de leurs coulisses. Vince le dit : la première fois qu’il a incarné son personnage, il s’est senti kidnappé par cette femme, trouvant dans le même mouvement comment revendiquer sa liberté au sein d’un avatar dont il s’est fait prisonnier.
Triomphe de l’esthétique camp
C’est ce paradoxe étourdissant que le documentaire parvient à saisir, dans les adieux à une persona qui ne sonnent ni comme une fin ni un renouveau, mais apparaissent comme un pur tracé fait de lumière, d’ombres et de strass, célébrant le triomphe harassé et flamboyant de l’esthétique camp.
Last Dance de Coline Abert (Fr., 2022, 1 h 40). En salle le 22 février.