UNE GRANDE ANNÉE de Ridley Scott
avec Russell Crowe, Albert Finney, Marion
Cotillard (E.
-U., 1 h 58, 2004).
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Le Lubéron en chromo hollywoodien. Une cata
dans les grandes largeurs.
La vengeance est un film qui se mange froid.
Est-ce en représailles de l’expédition de Sophie
Marceau en Californie dans Pacific Palisades
(Bernard Schmitt, 1990) qu’Une grande année arrive
sur les écrans français ? Est-ce, plus noblement,
pour vérifier que, si la Côte d’Azur sied au cinéma
américain (de La Main au collet d’Hitchcock à Bonjour
tristesse de Preminger), la Provence est une voie
de garage ? De la crispation affairiste du début
à l’hédonisme jouisseur de la fin, le film se veut
une fable humoristique sur les vertus de la vie
lubéronaise, dont l’exotisme premier doit céder le
pas à un charme irrésistible enfin compris. Le film,
de l’honorable Ridley Scott, semble avoir été conçu
par une équipe de publicitaires de choc.
Les autochtones, de l’allant bonne mère d’Isabelle
Candelier à la fadeur mignonnette de Marion
Cotillard, sont hideusement pittoresques, le pays
baigne dans une lumière jaune formol nimbée qui
le fait ressembler indifféremment à la Toscane
ou à l’Andalousie. Russell Crowe, acteur au teint
brouillé et à l’humeur semblable, peu fait pour
la comédie, confond raideur et pince-sans-rire. On
fondait quelque espoir sur la rencontre entre Albert
Finney et Didier Bourdon, flairant une possible
affinité – cou empâté, séduction matoise – entre
les deux. Le premier meurt très vite, le second,
engoncé dans son costume de ronchon exportable,
fait presque douter de la croyance qu’on place
en lui. C’est dire.
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