Premier film de Kamila Andini à être distribué dans les salles françaises, “Une femme indonésienne” tisse des histoires et réflexions qui ne sont pas tout à fait abouties.
Une femme indonésienne, quatrième long métrage de Kamila Andini mais premier à être exploité dans les salles françaises, débute sur une intrigue toute hitchcockienne : et si les chignons des femmes cachaient leurs secrets ? Et si le mystère d’une existence était contenu dans ces mèches entortillées ? À moins que la crinière en spirale ne soit le signe d’aucun autre mystère que celui d’un conditionnement et d’un emprisonnement du féminin.
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À cette première réflexion, la cinéaste indonésienne en lie une deuxième, celle qui raconte un pays, l’Indonésie et son histoire coloniale. Réparti dans le désordre de deux espaces temporels (le présent de 1960 et la montée du communisme, le passé de 1945 et de son occupation japonaise) et troublé par l’incertitude constante d’un brouillage entre rêve et réalité, Une femme indonésienne trace en zigzag le portrait d’une femme empêchée, à la fois emprisonnée dans un passé qu’elle ne cesse de visiter chaque nuit et dans un présent qui lui assure le confort d’un mariage bien fait et l’ennui d’une vie domestique.
Traité sur l’ennui
Dans toute sa première partie, le film semble suffisamment croire à ce flottement et à cette porosité entre les éléments et les temporalités pour faire d’Une femme indonésienne une sorte de traité sur l’ennui, sur l’attente d’une femme, porté en lévitation par l’omniprésence d’une musique enveloppante qui se glisse dans l’entrebâillement d’une possible histoire d’amour émancipatrice (le futur?) et finit par rappeler l’engourdissement et la circulation du somptueux In the Mood for Love de Wong Kar-wai.
Dommage alors que le film, soucieux d’activer un récit pour “faire histoire”, ne s’engage vers des pistes narratives qu’il met en situation sans chercher à les explorer. La relation qui lie par exemple l’héroïne Nana, cette épouse et mère, avec la maîtresse de son mari n’aboutit à rien d’autre qu’une belle et trop courte scène de sororité dans des volutes de fumée.
Une femme indonésienne, en salles le 21 décembre.
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