La carrière audiovisuelle de Bernard Rapp est d’une dignité et d’une rectitude pas si courantes dans notre PAF national : d’Assiette anglaise en Caractères, de Jamais sans mon livre en Un siècle d’écrivains en passant par Le Masque & la Plume et Le Cercle, le parcours du gentleman anglophile est sans faute de goût. Le […]
La carrière audiovisuelle de Bernard Rapp est d’une dignité et d’une rectitude pas si courantes dans notre PAF national : d’Assiette anglaise en Caractères, de Jamais sans mon livre en Un siècle d’écrivains en passant par Le Masque & la Plume et Le Cercle, le parcours du gentleman anglophile est sans faute de goût. Le goût, il en est justement question dans ce nouveau film qui, à notre grand regret, ne sied pas au nôtre.
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Un riche homme d’affaires (et de goût), sévèrement gourmé(t) et légèrement pervers, engage un jeune homme (Jean-Pierre Lorit) comme goûteur personnel. Très vite, il va s’avérer que l’affaire de goût culinaire n’est que le prétexte à engager un jeu de séduction beaucoup plus profond et dangereux. Scénario et sujet intéressants, film raté. Premier problème, une construction en alternance présent/flash-backs assez pesante et prévisible. Second problème, une mise en scène classique jusqu’à l’académisme transparent, dépourvue d’idée forte et du moindre soupçon d’originalité, engluée dans un rythme émollient frisant l’asthénie : les séquences de groupe avec le jeune homme et ses amis sont des exemples particulièrement frappants du statisme de l’ensemble. Résultat, en guise de mystère s’épaississant, de suspens psychologique et d’ambiguïté chabrolienne (ingrédients qui étaient sans doute dans les intentions des auteurs), le spectateur, presque toujours en avance, s’ennuie et s’impatiente en attendant que le film le rattrape. De toute cette mince affaire, notre goût retiendra essentiellement la qualité de certains dialogues, la belle présence de Florence Thomassin et le délicieux cabotinage de Bernard Giraudeau (quoique un peu moins savoureux que chez Ozon, dans un rôle finalement assez voisin de manipulateur quinqua). Sinon, pour rester poli avec quelqu’un que l’on respecte, on dira que Bernard Rapp demeure un homme de goût et une présence amicale dans la petite lucarne.
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