La Cinémathèque propose de fouiller les marges et recoins oubliés du cinéma italien. Un bonheur instructif.Un’Altra Italia, pour une histoire du cinéma italien Rétrospective Alors que le festival France-Cinéma de Florence célèbre la renaissance de Clouzot en Italie et que le public romain continue de dédaigner l’art et essai et les reprises pour se précipiter […]
La Cinémathèque propose de fouiller les marges et recoins oubliés du cinéma italien. Un bonheur instructif.
Un’Altra Italia, pour une histoire du cinéma italien
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Rétrospective Alors que le festival France-Cinéma de Florence célèbre la renaissance de Clouzot en Italie et que le public romain continue de dédaigner l’art et essai et les reprises pour se précipiter aux dernières niaiseries de Robin Williams, la Cinémathèque française se penche avec un rare bonheur sur le destin contrasté du cinéma italien depuis son origine : 150 films pour reconstituer le devenir chaotique d’une cinématographie qui jusqu’au début des années 70 était l’une des plus créatives du monde, bien avant les dérisoires tentatives
de relance qui ont culminé avec les polémiques autour du Lion d’or « politique » attribué à Amelio lors de la dernière Mostra.
Il s’agit ici de proposer, parallèlement à un parcours officiel déjà défriché, toute une série de mises en perspective inédites qui conduisent à des réévaluations, des remises en cause, l’ouverture de nouveaux questionnements critiques. On a en effet trop tendance à envisager le cinéma italien comme une suite de grands blocs chronologiques : les colossaux péplums de Pastrone, le cinéma de l’ère fasciste de Gallone, le néoréalisme, la comédie à l’italienne de Risi et l’explosion plus complexe des années 60 et 70. Un’Altra Italia permet tout à la fois de redécouvrir certains territoires rarement explorés (le cinéma des « téléphones blancs » dans les années 40, ou l’œuvre considérable de Pietro Germi dissimulée derrière son grand succès, Divorce à l’italienne) et de fouiller les marges en s’aventurant dans les recoins les plus obscurs de l’imaginaire transalpin. Outre les quelques soirées très spéciales de cinéma bis (Sergio Corbucci et l’affreux Lucio Fulci), on pourra enfin déguster dans des conditions décentes le cinéma de Cottafavi ou de Freda, celui qui, en Italie, continue d’être projeté vers deux heures du matin gaiement tailladé par une dizaine de coupures de pub. On appréciera enfin l’attention portée par les programmateurs au cinéma plus récent, de la trilogie napolitaine de Mario Martone qui a culminé avec Teatri di guerra, au cinéma de Mazzacurati (l’excellent Notte italiana de 1987) en passant par les comédies parfois marrantes mais difficilement exportables de Carlo Verdone.
Un’Altra Italia permettra donc de passer trois mois au chaud, à Chaillot. Pendant ce temps, de l’autre côté des Alpes, les villes se parent des publicités multicolores vantant les mérites des deux succès annoncés de Noël : Paparazzi, qui menace de casser la baraque et dans lequel apparaissent toutes les stars de la télé et du journalisme-spectacle à l’italienne, et surtout Il mio Sud, un revival du western-spaghetti de Giovanni Veronesi qui réunit à la même affiche Leonardo Pieraccioni (réalisateur de Il Ciclone, plus gros succès populaire italien des cinq dernières années, jamais distribué en France), Harvey Keitel et David Bowie. C’est aussi cela, l’altra Italia.
Jusqu’au 28 février, Cinémathèque française, Chaillot.
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