Une tendance majeure est apparue à la vision des cérémonies des César et des oscars 2007 enchaînées à un pas de marathon : le costume d’homme est désormais la tenue idéalement requise pour les maîtresses de cérémonie. Costume de ville désuet et relax pour Ellen DeGeneres aux oscars. Costume plus couture pour Valérie Lemercier. Les […]
Une tendance majeure est apparue à la vision des cérémonies des César et des oscars 2007 enchaînées à un pas de marathon : le costume d’homme est désormais la tenue idéalement requise pour les maîtresses de cérémonie. Costume de ville désuet et relax pour Ellen DeGeneres aux oscars. Costume plus couture pour Valérie Lemercier. Les deux cérémonies bénéficiaient de la fantaisie et de la gentille insolence de ces mesdames Loyal. Avec une petite préférence pour la prestation vraiment irrésistible de Valérie Lemercier et son entrée démente sur La Musique dans la peau, sa création de super-maman un peu folle appelant tous les participants à s’embrasser avant que cette “compétition dégueulasse” n’en fasse passer l’envie. On dit ailleurs, dans ce numéro, à quel point la victoire de Lady Chatterley doit être entendue comme un signe fort émis par la profession à l’usage des différentes instances (politiques, économiques) qui agissent sur le cinéma français. Notons que cette victoire prenait place dans un palmarès plus consensuel et diplomate que celui qui, il y a deux ans, avait consacré L’Esquive, Rois et reine et Quand la mer monte, assurant sans partage un triomphe du cinéma indépendant. Cette année, entre le César du premier film à Je vous trouve très beau, celui du scénario à Indigènes, ceux du meilleur acteur et meilleur réalisateur à Ne le dis à personne, il semblait que les votants s’étaient accordés pour récompenser un spectre très large du cinéma français et ne laisser personne sur le carreau. Dans les duels annoncés par les nominations, les oscars ont opéré des choix plus tranchants. Parmi le pool des cinéastes mexicains représentés, Guillermo del Toro (Le Labyrinthe de Pan) fut l’élu, au détriment d’Alfonso Cuarón (Children of Men) et Iñárritu (Babel). Dans le nouvel affrontement Eastwood/Scorsese, le premier s’est vu cette fois éconduit au détriment du second. On a pu lire que ce sacre venait tard, pour un film jugé moins ambitieux et personnel que des précédents films du cinéaste. La dimension ludique des Infiltrés ne doit pas masquer
pour autant l’impressionnante modernité de sa facture, l’inventivité constante de sa mise en scène, la pleine forme et vitalité que semble avoir retrouvées le cinéaste, après des années de films plus malades (Kundun, A tombeau ouvert, Gangs of New York). Si le sacre venait tard, il n’en venait donc pas moins à un moment judicieux, récompensant non seulement une oeuvre, mais un film effectivement parmi les plus forts de l’année. Et la réunion des fleurons du Nouvel Hollywood (Coppola, Lucas, Spielberg) remettant avec une émotion non feinte sa statuette au retardataire Marty était une image suffisamment émouvante pour justifier une aussi longue attente.