Un documentaire de création qui expérimente la traversée des apparences et divers états de la nature (humaine ou pas) sur un mode quasi chamanique.
Fiction et/ou documentaire ? En littérature, on s’appelle ça un essai. Deuxième film de Ben Rivers sorti cette année, après Two Years at Sea, cette fois coréalisé par Ben Russell, il met également en scène un solitaire aux prises avec la nature. Celui-ci n’a pas de nom, ne parle quasiment pas et promène avant tout son regard un peu écarquillé sur le monde.
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Son statut de personnage n’apparaît même pas tout de suite. Dans la première partie, on ne fait que l’apercevoir parmi les membres d’une petite communauté néohippie en Estonie. On assiste au quotidien de ces libertaires new age, à leurs discussions, à leurs séances de farniente, à la construction d’un dôme géodésique.
Puis le non-héros devient une figure solitaire crapahutant dans la nature, pêchant dans un lac. In fine, il surgit soudain maquillé au sein d’un groupe de black metal où il chante et joue de la guitare. Ce passeur de climats, qui vont des ténèbres du début à la hargne bruitiste du groupe paganiste de la fin, est une figure elfique, un arpenteur de l’extrême, côtoyant la quiétude absolue de la nature immobile où sa figure se minéralise presque et se fond avec les paysages intacts de la Finlande du nord, pour se métamorphoser en monstre hurlant. D’où, malgré la claire volonté de décrire un processus continu, l’hétérogénéité du film. Cela incitant à prendre ou à laisser ce qui nous fait vibrer ou pas.
On peut trouver l’aspect film-concert un peu ordinaire, et l’introduction dans la communauté parfois aléatoire et anecdotique. Mais la longue et énigmatique partie centrale, un bloc de temps et de réel lumineux, vaut à elle seule le déplacement. Signalons en passant que la productrice du film n’est autre que Julie Gayet, qui ne se repose pas sur ses lauriers médiatiques et ose soutenir un cinéma différent et aventureux.
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