Diffusé sur la plateforme Henri, service gratuit VOD de la Cinémathèque française, Personne n’est à la place de personne nous amène dans les pas de Christophe.
Depuis quelques jours, Personne n’est à la place de personne de Dominique Gonzalez-Foerster et Ange Leccia est disponible sur Henri, la plateforme VOD gracieusement mise en place par la Cinémathèque française et précieuse source de réconfort en ces temps moroses.
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Costume scintillant et lunettes fumées
Réalisé en 2009 par le tandem d’artiste, Personne n’est à la place de personne nous amène le temps d’une heure courte et intense au plus près de Christophe. Comme des infiltrés invisibles trop heureux d’assister à ces moments dont nous sommes d’ordinaires privés, nous suivons Christophe au pas.
Sur scène depuis les coulisses, dans les loges, dans son appartement parisien… La caméra alerte du duo traque ses moindres déplacements dans d’interminables labyrinthes sombres qui finissent toujours par conduire aux lumières de la scène : sur l’estrade, devant son public et devant son piano, Christophe, costume scintillant et lunettes fumées. Son profil de vieux sage et d’éternel dandy s’imprime sur l’arrière-plan inondé de fumée et de néons. Filmées comme des rêves éveillés, alourdies par le ralenti de l’image, certaines de ces séquences de concerts sont d’une beauté fulgurante, évanescente, quasi abstraite. Un art de l’abstraction qui sied à merveille à Christophe, noctambule au débit rapide mais à la parole hésitante, heurtée (“comment ?”, “tu vois ?”) et dont le titre du film en restitue toute l’essence.
Tout entier
C’est la grande qualité de ce film nébuleux que d’inventer un portrait documentaire qui ne renseigne pas (dans le sens biographique du terme) mais qui met en présence la personne filmée. Scènes de vie quotidienne (certaines très drôles soulignant l’humour pincé du chanteur), discussions sur son rapport aux images, aux sons, son approche organique de la musique, répétitions (où l’on peut observer la précision du musicien à l’œuvre) et concerts… Christophe nous apparaît tout entier et l’amitié qui lie le chanteur aux filmeurs y est certainement pour beaucoup.
Le 2 janvier 2002, à 8h du matin, l’artiste Dominique Gonzalez-Foerster avait reçu “le plus bel appel téléphonique de Terre penchée” comme elle nous le confiait dans un article hommage à Christophe, disparu le 16 avril dernier. Au bout du fil, le beau bizarre ou “peintre de sons” comme il aimait se penser, lui propose ainsi qu’à Ange Leccia de travailler sur la mise en image de son prochain spectacle qui doit avoir lieu à l’Olympia le 11 mars 2002. Le trio se rencontre au Palais de Tokyo. Il ne se quittera plus : “On s’est intensément plu” se souvient Dominique Gonzalez-Foerster.
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