Avec ce voyage dans le porno des origines à nos jours, Henri Gigoux et Jean-François Rauger abordent un champ de recherches très important et injustement délaissé par les commentateurs et exégètes, apportant là une contribution fondamentale à l’histoire et à la connaissance du 7e art. On découvre un tas de choses dans cette anthologie : […]
Avec ce voyage dans le porno des origines à nos jours, Henri Gigoux et Jean-François Rauger abordent un champ de recherches très important et injustement délaissé par les commentateurs et exégètes, apportant là une contribution fondamentale à l’histoire et à la connaissance du 7e art. On découvre un tas de choses dans cette anthologie : des sex-cartoons hilarants, aussi astucieux que les meilleurs Tex Avery ; l’incunable d’un disciple de Man Ray renversant de beauté, digne des sommets de l’expressionnisme ; le dénommé Piotr Stanislas, acteur des années 70 qui aurait mérité la couv’ de L’Equipe pour la vigueur de ses muscles et la souplesse étonnante de son corps ; de vraies questions de mise en scène, comme celle-ci : comment placer au mieux dans le plan deux mecs allongés bite contre bite pendant qu’une copine les suce… Comme tous les genres, l’évolution du porno témoigne de l’évolution technologique, culturelle, morale et esthétique de la société qui le génère. On peut prendre comme exemple la typologie de la femme à travers les âges : grasse, charnue, poilue et plutôt brune au temps du muet ; mince, poilue, brune, blonde ou rousse dans les seventies ; musclée, rasée, plutôt blonde et tendant vers la cybermachine aujourd’hui. Entre les ébats ludiques et clandestins de l’avant-guerre, les fantasmes bourgeois beaufs de l’explosion du X et les recherches techno-esthétiques contemporaines, il est clair que le porno est comptable d’une histoire, au même titre que le western ou le film noir. Maintenant, quelques petites raisons de débander. Pas d’extraits de classiques (pourtant mentionnés) comme Gorge profonde ou Derrière la porte verte : problèmes de droits semble-t-il. Comme l’engin de Rocco Siffredi, ce documentaire est très long : les auteurs auraient dû tailler dans la partie vidéo contemporaine, moins intéressante et inédite. Enfin, le commentaire de l’indispensable Jean-François Rauger laisse sur sa faim : sans doute bridé par ses commanditaires (du cul, mais pas de prise de tête pour nos abonnés), le puritain dévoyé de la Cinémathèque s’en tient aux faits historiques, délaissant l’analyse et tous nos amis Sade, Freud, Lacan, Bataille and Co. Dans ce beau et intense rapport entre les auteurs et Canal, il est clair que c’est la chaîne qui a joué le rôle du mâle dominant.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}