L’idée qui nous viendrait pour définir Un Samedi sur la terre tiendrait du dossier de presse. Un jeu de cartes d’un délicieux vert pistache qu’entoure un délicat morceau de craft pourpre. On jetterait les cartes par terre, sans ménagement : en dépasseraient des bouts de photos, des bribes de synopsis, quelques dialogues… Cela pourrait former […]
L’idée qui nous viendrait pour définir Un Samedi sur la terre tiendrait du dossier de presse. Un jeu de cartes d’un délicieux vert pistache qu’entoure un délicat morceau de craft pourpre. On jetterait les cartes par terre, sans ménagement : en dépasseraient des bouts de photos, des bribes de synopsis, quelques dialogues… Cela pourrait former une topographie aléatoire du film, où pointeraient tantôt le nom de Pascal Comelade, tantôt le radieux visage d’Elsa Zylberstein. On se pencherait, on s’approcherait très près de ce puzzle narratif pour y découvrir un peu de sens, des détails amusants, un souffle. Las, le tas de cartes mélangées prend surtout des aspects de méli-mélo assez vain, catalogue de clichés provinciaux et foutoir esthétique mélangeant tous les types d’images. L’argument du film serait de s’attarder sur un fait divers sanglant et de poser par cette voie quelques questions essentielles sur l’inéluctable, l’aléatoire et, allons-y, le Destin. Claire va rencontrer Martin et le banal sombrera dans le tragique. Aiguillé par quelques indices livrés au fur et à mesure par leur entourage direct ou indirect, ce sera au spectateur de reconstituer les paramètres ayant présidé au drame. Ces jeux du hasard dans une campagne normande vue par le petit bout de la lorgnette, mêlés d’interrogations sur le couple, la famille, l’adoption, perdent peu à peu tout intérêt, portés par une mise en scène au nez collé sur des détails et des mignardises. Le récit, déconstruit en flashback, est ainsi strié d’ellipses dévorant l’essentiel de l’intrigue au profit de redites esthétisantes, de vains déplacements entre vidéo, super 8 ou noir et blanc. Une série de personnages secondaires cabotinent sans apporter d’éléments pertinents au sujet, contribuant à diluer l’intérêt. Exemple le plus frappant de l’éparpillement de ce film qui partait plutôt sur une bonne idée scénaristique, la peinture des rapports d’un gendarme en mal de sentiments avec sa femme éprise de leur chien : une propension au pittoresque caricatural qui fait dévier la cinéaste vers l’anecdotique aux dépens de l’essentiel. De l’entassement des fiches cartonnées, on ne distingue plus qu’une forme vague qui développe un discours discutable sur le Hasard : une vision a posteriori transformant celui-ci en Destin.
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