Le film posthume du réalisateur de L’Arnacœur. Une comédie macabre qui s’avance, non sans maladresse, sur les terres des frères Coen.
Une région ouvrière dévastée par la crise. Un chômeur (Romain Duris), d’abord pour se faire un peu de blé, accepte de tuer la femme du mafieux du coin (Michel Blanc). Le problème, c’est que son nouveau métier va le mener bien trop loin. Il ne parvient bientôt plus à réfréner ses instincts meurtriers, notamment à l’encontre des puissants qui profitent de la misère sociale pour l’exploiter.
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Il n’est pas très difficile de voir ce qui a pu intéresser Pascal Chaumeil (décédé il y a un an) et son scénariste Michel Blanc dans le roman homonyme du romancier américain Iain Levinson dont est adapté le film : son humour macabre et un portrait au vitriol des nouvelles “méthodes” managériales coercitives qui se sont généralisées depuis le début de ce millénaire. Il n’est pas très difficile non plus de sentir la façon dont l’auteur de L’Arnacœur voulait transposer ce roman US dans un univers européen (ici, belge) : en retrouvant un ton à la Georges Lautner (Les Tontons flingueurs, Les Barbouzes), mâtiné d’un humour grinçant et délirant, plus moderne aussi, à la Coen brothers.
Mais, malgré le talent des interprètes – surtout les seconds rôles, comme celui de Gustave Kervern –, le film ne trouve jamais son rythme de croisière, le bon degré de délire, de stylisation, ce savant dosage sans lequel un crime reste un crime et ne prête pas à rire. Alors tout devient cynique et involontairement antipathique, même si la partie kenloachienne est plutôt réussie. Mais Romain Duris ricane trop (Lino Ventura jouait tout au premier degré), Michel Blanc se satisfait trop de ses répliques comiques un tantinet surannées – qui font parfois mouche, soyons honnêtes – pour nous entraîner dans un vrai tourbillon de rire macabre.
Un petit boulot de Pascal Chaumeil (Fr., 2016, 1 h 37)
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