A l’occasion de la sortie de The Glass shield, le film très moyen de Charles Burnett, la Cinémathèque française propose un panorama du cinéma noir américain, occasion de vérifier qu’avant la génération Spike Lee il a toujours existé d’Oscar Micheaux à John Singleton un cinéma noir américain. Malheureusement, cette programmation se distingue aussi […]
A l’occasion de la sortie de The Glass shield, le film très moyen de Charles Burnett, la Cinémathèque française propose un panorama du cinéma noir américain, occasion de vérifier qu’avant la génération Spike Lee il a toujours existé d’Oscar Micheaux à John Singleton un cinéma noir américain. Malheureusement, cette programmation se distingue aussi par des absents de marque dont l’œuvre reste pourtant à redécouvrir : Melvin Van Peebles, Larry Clark, Warrington Hudlin, Haile Gerima, Michael Campus, Michael Schultz, Bill Gunn. Il est dommage que la Cinémathèque ait raté l’occasion de programmer des films aussi importants que The Mack de Michael Campus ou Sweet sweetback’s baadass song de Melvin Van Peebles. De cette programmation restreinte mais néanmoins opportune, on retiendra en dehors de classiques comme L’Insurgé de Martin Ritt et Carmen Jones de Preminger The Intruder de Roger Corman. The Intruder est le seul film de Corman à n’avoir jamais rapporté un rond. Il s’agit aussi de son meilleur film et de loin. Ne sachant plus quoi faire pour le rentabiliser, Corman avait poussé le bouchon jusqu’à le ressortir sous le titre grotesque d’I hate your guts!. Toujours sans succès, il retentera le coup en essayant Shame. The Intruder marque les débuts de William Shatner (qui sera plus tard le fameux Captain Kirk dans Star Trek) en petite frappe fasciste débarquant dans une bourgade américaine et réveillant les instincts racistes de ses habitants contre une école intégrationniste. Trente-cinq ans après sa sortie, The Intruder reste l’un des meilleurs films jamais réalisés sur le racisme. On pourra aussi découvrir le méconnu Dynamite Jones de Jack Starret, l’un des fleurons de la blaxploitation, avec Jim Brown dans le rôle de Slaughter, un justicier musclé prêt à tout pour venger le meurtre de ses parents. Dynamite Jones révolutionne le film d’action américain de manière encore plus radicale que Dirty Harry, remettant complètement en cause le système judiciaire américain, comparant la police à une mafia et le monde des truands à une fraternité à la morale intransigeante. Cette inversion complète des rôles a valeur de manifeste et vise à inscrire le film de blaxploitation dans la généalogie d’une morale défaillante, fondant une éthique désormais étrangère aux codes du cinéma blanc.
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