Un homme est condamné à revivre inexorablement la même journée.
Ça fait d’abord rire, puis ça fait réfléchir, et enfin, ça fait peur : et si c’était vrai ?
Ceux qui ont découvert Bill Murray avec Lost in Translation ont bien de la chance. Ils vont kiffer leur mère puissance dix avec son interprétation grandiose dans Un jour sans fin. Comme dans la plupart des comédies du brillant Harold Ramis, l’intrigue tient en une ligne : le cynique présentateur télé Phil Connors est condamné à revivre indéfiniment la même journée : le 2 février, jour de la fête de la marmotte dans la petite ville de Punxsutawney. Comique de répétition ? Pas seulement. Si les événements reviennent à l’identique, le personnage, lui, évolue. La même sonnerie de réveil, la même chanson de Cher, les mêmes rencontres produiront chez lui, à force de répétition, des réactions différentes. De la tentative de suicide impossible (l’un des gags les plus désespérément drôles du film) à l’amour inattendu (fin optimiste, certes, mais loin d’être écœurante de mièvrerie), l’homme de télé suffisant mue en un personnage sensible, et même humble devant les événements. Cet apprentissage de l’humilité est l’un des thèmes récurrents d’Harold Ramis puisqu’on le retrouve dans son film suivant, Mes doubles, ma femme et moi, aux mêmes accents métaphysiques. La prison temporelle de Phil amène le spectateur à s’interroger sur son propre rapport au temps, jusqu’au vertige. On peut trouver son évolution trop « américaine » puisque d’égocentrique, il devient généreux, mais si on fait ce reproche à Ramis, alors il faut le faire aussi à Capra. Simplement, après avoir envisagé le pire (l’homme ne peut que se répéter), Ramis envisage le meilleur (sa faculté d’évolution). On peut appeler cela de l’humanisme, tout simplement.
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