Premier film d’horreur pro-life, The Zone Life met en scène des femmes contraintes de garder leur bébé sous la torture psychologique. Diffusé aux Etats-Unis, le film suscite la controverse et révèle l’une des tendances hardcore des anti-IVG.
On connaissait la formule consacrée par la première vague de slashers des 70’s : une maison isolée, une bande de pin-up, quelques sportifs en vadrouille, un tueur iconique, et du sexe immédiatement sanctionné par un vieux fond puritain. Mais plus besoin de boogeymen gardiens de l’ordre moral (Michael Myers, Jason Voorhees et compagnie) ni de détours métaphoriques : le cinéma de genre version 2011 avance à découvert : réac et fier de l’être.
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C’est tout l’argument promotionnel de The Life Zone : un film d’horreur « sur le modèle de Saw » où trois jeunes femmes enceintes (sur le point d’avorter) sont kidnappées par des médecins et obligées de mener leur grossesse à terme. Produit par l’ancien juge et candidat au poste de sénateur du New Jersey, Kenneth Del Vecchio, le film pro-life déchaîne les passions aux Etats-Unis où il a été présenté en avant-première samedi dernier au festival de Hoboken.
Des rêves « de mort et de désespoir »
« Vous étiez toutes sur la table d’opération, prêtes à commettre un meurtre », lâche une doctoresse dans le premier trailer du film diffusé sur Internet. Sur le modèle du survival, The Life Zone décline donc tous les codes du cinéma d’horreur au profit d’un discours contre l’avortement : ambiance nocturne, effets chocs, débordements gore et musique anxiogène. Selon le site NewJersey.com, le film retrace le supplice de trois femmes séquestrées par une mystérieuse organisation pro-life alors qu’elles s’apprêtaient à avorter.
« Dans le film, les trois femmes enceintes sont tourmentées par des rêves de mort et de désespoir –un montage d’images d’essaims d’abeilles, de tornades, et de discours d’Hitler (…). Au final, deux des trois personnages en viennent à accepter la vie en elles et sont moins inquiètes à l’idée d’accoucher (…), pour la troisième, il y aura des conséquences inattendues », précise le site.
S’il s’aligne sur le rythme des films d’horreur (Saw en tête, via les apparitions récurrentes de l’un des geôliers dans un écran télévisé), The Life Zone assume aussi sa part pédagogique. De nombreuses séquences sont consacrées à la rééducation des femmes captives (et du spectateur potentiel), dans lesquelles elles lisent des revues spécialisées et regardent des films sur les dangers de l’avortement.
Selon son producteur, Kenneth Del Vecchio, qui invoque un final à la Twilight Zone (la clinique serait en réalité le purgatoire), le film ne prendrait pas partie mais contribuerait au débat.
« Je pense que le public ne saura pas déterminer la position du réalisateur, il donne la parole aux deux parties », explique-t-il au New Jersey.com.
Une version confirmée par l’actrice Lindsey Haun (True Blood), qui participe au casting de luxe de cette série B (dont le budget est estimé à 1,5 millions de dollars) aux côtés de Robert Loggia (Scarface, Independence Day), Blanche Baker (Sixteen Candles) et Thomas G. Waites (And Justice For All, The Thing).
Une personnalité républicaine
Le producteur Kenneth Del Vecchio est pourtant bien connu pour ses convictions pro-life (l’avortement est décrit comme un « meurtre de masse » sur son site officiel). Figure populaire des milieux républicains et auteur de romans à succès, il s’est lancé en 1999 dans la production au cinéma via sa société Justice For All Production. Une lubie qui lui avait coûté son poste de juge du New Jersey –après seulement quatre mois d’activité- suite au scandale provoqué par sa production O.B.A.M. Nude : l’histoire d’un étudiant cocaïnomane (Obama, entre les lignes) qui vend son âme au diable pour devenir un leader socialiste.
En pleine campagne pour les prochaines sénatoriales, Kenneth Del Vecchio devrait donc bénéficier des retombées médiatiques de The Life Zone, futur hit des soirées cinéma des Tea Parties.
Romain Blondeau
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