À Paris, le rectorat a décidé de retirer le film “Wardi” de Mats Grorud du dispositif “Collège au cinéma” en raison du “contexte d’extrêmes tensions internationales”.
Comme le rapporte Sandra Onana dans les colonnes de Libération, l’annonce a été adressée par mail le 12 octobre dernier à l’Association des cinémas indépendants parisiens (CIP), qui coordonne le dispositif “Collège au cinéma” : le film d’animation Wardi, qui suit la trajectoire d’une jeune réfugiée palestinienne à Beyrouth, ne sera finalement pas projeté aux classes parisiennes de sixième et de cinquième.
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Dans un mail envoyé aux enseignant·es, le recteur de l’académie de Paris justifie cette décision inédite par le “contexte d’extrêmes tensions internationales et de ses conséquences potentielles sur notre territoire”. Le courrier précise par ailleurs que “plusieurs enseignants ont fait remonter au rectorat des interrogations quant à l’opportunité de diffuser cette année ce film”.
“L’école doit rester un sanctuaire où construire l’esprit critique”
Le dispositif “Collège au cinéma” vise à faire découvrir des films sélectionnés par un comité national, composé de représentant·es de la culture, de professionnel·les de l’image et de l’enseignement. Les films sont accompagnés d’un dossier pédagogique, d’une recherche d’intervenant·es pour les classes et d’un temps de formation pour les enseignant·es.
Dans des propos rapportés par Libération, Patrick Facchinetti, le délégué général de l’association de l’Archipel des lucioles (qui porte en partie le dispositif) explique : “Si les enseignants eux-mêmes avaient souhaité déprogrammer le film au regard du contexte actuel ou d’un manque de formation, on n’aurait pas le pouvoir de leur imposer de le projeter. Au contraire, cela aurait été entendable !” Il souligne par ailleurs que “l’école doit rester plus que jamais un sanctuaire où construire l’esprit critique des élèves. On trouve regrettable de mettre de côté ce film au regard de son sujet, alors que les jeunes sont en permanence inondés par les images et qu’il est nécessaire de leur donner des clés.”
Cette déprogrammation s’inscrit dans “la vague de déprogrammations et de reports d’œuvres d’artistes palestiniennes et palestiniens, ou dont le sujet a un rapport à la Palestine”, que dénonce l’Observatoire de la liberté de création dans son communiqué du 25 octobre 2023. L’institution rappelle ainsi que “Les œuvres ne sont pas coupables.”
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