Un film honnête mais scolaire sur l’affrontement entre MI-6 et KGB, qui s’enlise assez vite dans les poncifs du genre.
Un espion ordinaire porte bien son nom. Inspiré d’une histoire vraie sur l’extraordinaire collaboration entre un modeste VRP britannique et un officier soviétique durant la Guerre froide, le film de Dominic Cooke diffuse, dès son entame, un parfum extrêmement quelconque. Si l’ordinaire a ceci de particulier qu’il peut provoquer aussi bien l’ennui qu’un frisson d’inquiétude, le réalisateur ne le traite jamais en tant que motif ; il paraît davantage le résultat d’une déficience d’inspiration de ses auteurs qu’une spécificité de traitement.
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Un récit essoufflé
Le film n’offre ainsi aucune ambition esthétique nouvelle et ne fait que dupliquer le travail effectué par de talentueux prédécesseurs sur la même période (notamment La Taupe de Tomas Alfredson et Le Pont des espions de Steven Spielberg). Il est aussi parcouru de stéréotypes datés : soit culturels (on swingue en club à London tandis que la grisaille règne derrière le mur de fer où l’on pleure devant Le Lac des cygnes), soit de genres (l’épouse du protagoniste, condamnée par le récit à demeurer une figure d’une grande passivité).
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Là où Un espion ordinaire se pare en revanche d’une certaine singularité, c’est dans sa manière d’injecter comme valeur morale commune à l’ensemble de ses personnages une qualité peu célébrée dans le domaine de l’espionnage : la fidélité. Le scénario dote ses protagonistes d’une déontologie nouvelle dans la profession et prend le contre-pied du film d’espionnage usuel. Une inclination qui ne permet pas vraiment au récit, déjà essoufflé, de gagner en tonicité, mais qui lui assigne un regard émouvant sur la droiture morale.
Un espion ordinaire de Dominic Cooke. Avec Benedict Cumberbatch, Merab Ninidze, Rachel Brosnahan (G.-B., É.-U., 2020, 1 h 52). En salle le 23 juin.
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