Dans “Vivian et Johnny, la légende de Nashville”, Matt Riddlehoover nous immerge dans l’histoire de Vivian Liberto, à travers sa relation avec le célèbre chanteur et offre une lecture différente de la célèbre idylle de Cash avec June Carter.
Vivian et Johnny, c’est d’abord une histoire de contrechamp. Un contrechamp indispensable au raz-de-marée que fut, au milieu des années 2000, la sortie de Walk the Line, le biopic de Johnny Cash, centré sur la relation du chanteur avec June Carter. Ici, l’histoire qui nous est racontée est un peu différente. C’est celle de Johnny Cash et Vivian Liberto, sa première femme et mère de ses 4 premières filles. Une histoire plutôt méconnue que le documentaire de Matt Riddlehoover nous restitue, avec une conviction certaine, à travers la parole de plusieurs des filles du musicien.
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Une immersion intime
Film de famille, au sens littéral du terme, Vivian et Johnny est d’abord l’occasion d’une immersion dans l’Amérique des années 1950 et 1960. Une immersion intime puisqu’en dehors des témoignages, le film propose énormément de documents rares, en particulier des photos et films de famille qui sont particulièrement touchants.
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C’est en 1954 que Johnny épouse Vivian et, au commencement, leur histoire a tout de l’idylle. La même année, un déménagement à Memphis va pousser le jeune Johnny Cash dans le monde de la country music, puis du rock n’roll, et surtout, dans les bras du succès. Peu à peu, tout change et les absences de Johnny sont de plus en plus fréquentes. Le succès, la drogue entrent dans la danse, et le couple commence à être mis à rude épreuve. Sans parler du glissement progressif de Johnny Cash vers June Carter. L’histoire est connue mais, ici, c’est la perspective qui change. Tout est raconté du point de vue de Vivian Liberto, femme forte, d’une grande beauté, née dans une famille d’origine sicilienne, passionnée de jardinage. Une femme qui est l’objet et le sujet du film. Ce que le titre original du film, My Darling Vivian, rend bien mieux que le titre français, plus convenu.
Pas de pathos en trop
Le documentaire de Matt Riddlehoover égrène ainsi les années qui passent dans la vie de cette femme. Une vie bientôt dominée par la souffrance et la solitude. Ce que le film montre de manière très précise, voire méticuleuse, mais sans en rajouter dans le pathos ou dans le drame. Le film n’est pas non plus à charge contre Johnny Cash, père absent, drogué, adultère mais père tout de même… En revanche, le personnage de June Carter, y compris après le divorce entre Vivian et Johnny, n’en sort pas vraiment grandi. Dans la mesure où le documentaire cherche avant tout à éclairer et à sauver la figure de la mère, Vivian donc, tout cela est assez logique.
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Attachant, et même émouvant, Vivian et Johnny a tout de même quelques défauts. Il y est très peu question de musique et sa forme ne s’éloigne jamais des codes et traditions du documentaire d’archives à base de voix off. Ce qui engendre, au bout d’un moment, une certaine monotonie. Bref, pas exactement une œuvre révolutionnaire ou terrassante, mais plutôt un film historique, qui remet à sa juste place une femme effacée des tablettes par la légende dorée d’Hollywood et celle, plus sordide, des journaux à scandale.
Vivian et Johnny, la légende de Nashville de Matt Riddlehoover. En VOD, le 23 juin.
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