John Frankenheimer appartient à la première génération de cinéastes américains formés à la télévision (Robert Mulligan, Martin Ritt, Sidney Lumet, Arthur Penn, Franklin Schaffner, …) et qui firent leurs premières armes en signant des épisodes de séries et surtout des dramatiques télé souvent tournées dans des conditions proches du direct avec des comédiens prestigieux. La […]
John Frankenheimer appartient à la première génération de cinéastes américains formés à la télévision (Robert Mulligan, Martin Ritt, Sidney Lumet, Arthur Penn, Franklin Schaffner, …) et qui firent leurs premières armes en signant des épisodes de séries et surtout des dramatiques télé souvent tournées dans des conditions proches du direct avec des comédiens prestigieux. La carrière inégale de ce brillant technicien (il excelle dans la profondeur de champ, et son style est marqué par une utilisation récurrente du grand angle et de plans très larges) s’est rapidement enlisée dans des commandes commerciales de plus en plus impersonnelles et ratées. Cependant, Frankenheimer a signé quelques films importants du cinéma américain contemporain Le Prisonnier d’Alcatraz, Les Parachutistes arrivent) et une curieuse trilogie paranoïaque (L’Opération diabolique, Sept Jours en mai, Un crime dans la tête) qui préfigure la mode des thrillers conspirationnistes enclenchée par l’assassinat de John F. Kennedy et le Watergate. Le plus réussi des trois, Un crime dans la tête, prend pour postulat catastrophiste le lavage de cerveau de soldats américains par des agents communistes chinois et soviétiques pendant la guerre de Corée. L’un d’eux revient au pays programmé pour commettre des assassinats politiques. Frankenheimer réussit un film à la lisière du fantastique (les scènes de rêve sont très inquiétantes) et violent (la démonstration de karaté de Sinatra) qui propose une prophétie cauchemardesque sur la politique américaine rongée par des complots œdipiens. Frankenheimer invente la politique-fiction, et pousse son film jusqu’au délire (le style télévisuel de ses débuts se mêle à un baroquisme wellesien exacerbé). Une vision grotesque du monde qui sera malheureusement confirmée par les événements futurs qui ébranlèrent la société américaine à la fin des années 60.
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(DVD, 164 F)
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