Notre envoyée spéciale était à la Fnac-Montparnasse parmi des nerds et des jeunes filles en fleur pour une master-class avec Judd Apatow le nouveau gourou de l’humour US. Récit. (photo : En cloque mode d’emploi de Judd Apatow)
Une tête d’aigle sur son ceinturon, le vigile garde la place tandis que les auditeurs s’assoient calmement. La petite messe peut commencer, on n’attend plus que Judd Apatow, venu donner une master-class à la Fnac Montparnasse en ce jeudi de septembre. L’entrée en scène du réalisateur-producteur- scénariste américain se fait sans étincelle, amortie par l’allure étonnamment classique de l’homme – physique bonhomme à la James L.
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Brooks (barbe, nez rondouillard), costume fonctionnel. Mais très vite, le dérapage en souplesse commence. Les questions avisées de l’intervieweur maison transi d’admiration (Jacky Goldberg), Apatow les évacue gentiment et préfère entamer un échange punchingball avec une traductrice aux airs de Goldie Hawn. Non sans avoir rappelé sa médiocrité comme showman au temps de sa jeunesse, il fait feu de tout bois, ramène tous les sujets à la hantise du type pas beau qui doit en faire toujours plus et prouve que la maîtrise du stand-up, il l’a désormais, avec pourtant cette petite inquiétude au coin de l’oeil – suis-je assez bon ?
Le public d’Apatow, cultivant l’apparence négligée de ceux qui viennent de jurer devant un miroir que les fadaises de la séduction peuvent bien aller se faire foutre, est partagé entre des grassouillets à l’assurance excessivement détendue (“Je sors avec aucune fille : où est le problème ?”) et des maigres rongés par l’angoisse (“Je sors avec aucune fille : j’ai envie de mourir”).Tous semblent portés par une reconnaissance qu’Apatow définit d’une phrase : “Grâce à moi, des mecs comme vous peuvent enfin faire l’amour.”
On pourrait ajouter : “parce que je vous ai appris à avoir du répondant”. Le réalisateur, curieux, jamais las, accueillant les digressions ânonnantes comme les fusées théoriques, semble à la recherche du bon partenaire, celui qui saura donner le rythme – ce fameux rythme que le héros de son Funny People a perdu et qu’il s’évertue à retrouver (sortie le 7 octobre). Le temps d’un aparté rêveur, Apatow évoque toute l’admiration qu’il a pour Sixteen Candles de John Hughes, dont le personnage principal est pourtant à l’opposé de son esprit. La jeune fille sensible, grande inconnue de l’univers apatowien. Trois représentantes de cette espèce sont cachées au fond de la salle. Elles n’ont d’yeux que pour Apatow et gloussent en continu. Comme toutes les jeunes filles en fleur, elle se sont volatilisées à peine la fin de la classe sonnée, laissant derrière elles une question : mais seraient-ce elles, les partenaires idéales ?
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