Aussi remarquable devant que derrière la caméra, la réalisatrice philippine signe un film soigné qui manque toutefois de souffle.
Immigrante philippine installée à Brooklyn, Olivia travaille comme soignante au domicile d’une vieille dame. Un jour, Alex, son petit-fils rentre pour s’en occuper. Face à la violence d’Etat qu’ils subissent (incarnée par les aboiements intempestifs de Trump à la radio, à peine élu et déjà ivre de haine), Olivia et Alex seront réunis par cette maison, puis par l’amour et un secret.
Avec habileté, Isabel Sandova reprend la structure classique et pourtant imparable du mélodrame, genre connu autant pour sonder les âmes de ses personnages qu’en arrière-plan les infrastructures sociales qui les cadenassent. Fidèle à cet héritage, le film choisit judicieusement de ne jamais diluer la colère du regard politique dans l’histoire d’amour naissante entre les deux protagonistes.
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Malheureusement le potentiel dramatique du film se retrouve déployé au sein d’une cadre au mieux minimaliste, au pire inabouti. Il manque au film cette intensité émotionnelle, brûlante et déchirante à la fois, capable de nous terrasser le temps d’un plan ou d’une réplique. Brooklyn Secret laisse ce sentiment particulièrement frustrant d’un objet qui coche méticuleusement toutes les cases de la réalisation réussie (justesse de l’interprétation, précision du sujet, élégance de la mise en scène) mais dénuée de souffle et d’ampleur.
Comme un tas de bois parfaitement construit et mise en place que l’on aurait pris peur, au dernier moment, d’embraser.
Brooklyn Secret d’Isabel Sandoval, avec Isabel Sandoval, Eamon Farren, Ivory Aquino (E.-U., 2019, 1h29)
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