Adapté d’un récit autobiographique de Pierre Perret, chronique assez fade d’une famille tenant un café dans les années 40.
Avec des films comme A la campagne ou Marion, Manuel Poirier s’était fait une jolie place de plausible héritier de Renoir et Rozier, voire de Garrel des champs. Il avait même réussi à toucher le grand public avec Western, en 1997, mélange réussi de comédie picaresque et de road movie pédestre.
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Mais depuis ce beau coup, Manuel Poirier n’a jamais retrouvé les faveurs d’un large public, ce qui fut parfois injuste (Les Femmes et les enfants d’abord, La Maison sont de bons films). Ainsi va parfois la carrière d’un cinéaste, s’écoulant dans une semi-indifférence après une période de reconnaissance légitime. Les aléas usuels d’un métier à risque, parfois cruel.
Adapté du récit autobiographique de Pierre Perret, Le Café du Pont retrouve un certain nombre d’ingrédients qui nous ont fait aimer son cinéma. Le goût de filmer la famille, les amitiés, sans familialisme, d’en observer les beautés, mais aussi les failles, les conflits, les exigences, les mystères.
La patience du regard, la nonchalance, l’idée de filmer sans se presser, en laissant une scène mijoter jusqu’à juste cuisson. Les scènes funambulesques de dérives alcoolisées. Tout cela est présent dans cette chronique d’une famille qui tient un bistrot de province, au sortir de la guerre. Le père rêve de bâtir une salle de bal dans l’arrière-salle. L’argent manque, mais tout le monde trime dur. Les clients habituels défilent, petit échantillonnage sociologique d’un bourg de la France des années 40.
Et puis la mère tombe malade, ne peut plus assurer la marche quotidienne du café, ni la vie de la famille… On perçoit sans doute à travers cette description ce qui peut relever à la fois de l’universel et de l’anecdotique dans Le Café du Pont.
Ces préoccupations quotidiennes d’une famille ordinaire au sein d’une communauté ordinaire, tout le monde les a sinon vécues, au moins côtoyées. Mais l’aspect historique du film semble confire ce matériau et les qualités de Manuel Poirier dans le sucre du passéisme.
On conçoit que le cinéaste cherche à éviter le spectaculaire, la trépidation, l’événementiel, au profit d’une essence de l’existence et du cinéma plus insaisissable. Malheureusement, à force de traquer l’impalpable, l’indicible, les petits riens qui tissent nos vies, noble objectif, il frôle ici l’insignifiance, glisse dans une joliesse de carte postale qui amortit tout, y compris les drames.
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